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LE CENTURION

Je livre ce fait à tes réflexions et à tes études. Y a-t-il quelque analogie entre ces démons, et ces esprits qui s’emparaient jadis de nos sibylles et de nos pythonisses ?…

La nature obéit également au Prophète de Galilée.

Quand ses disciples ont pêché toute la nuit sans rien prendre il monte dans la barque de Simon, il lui fait jeter son filet, et les poissons s’y précipitent en si grand nombre qu’on en remplit deux barques. Et alors, il annonce à Simon sa mission future : Tu seras pêcheur d’hommes !

Quand la mer est soulevée par la tempête, et menace d’engloutir ses disciples, il lui crie : calme-toi. Et la mer devient instantanément calme.

Il y a quelques semaines, les disciples traversaient le lac en pleine nuit. Ils avaient laissé leur maître en Pérée, et ils s’en revenaient à Capharnaüm en luttant vaillamment contre le vent. Mais bientôt la tempête se déchaîne, et les vagues bondissent dans la barque. Les disciples se croient perdus. Mais soudain une forme blanche se dessine dans la nuit sombre et marche sur les eaux.

La terreur des disciples augmente ; c’est un fantôme ! crient-ils avec effroi. C’est moi ! répond la lumineuse apparition. Ne craignez point.

— Seigneur ! repart Simon Pierre, ordonnez que j’aille à vous.

— Viens, dit Jésus.