Aller au contenu

Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
LE CENTURION

— Allez plutôt voir Jésus de Nazareth. C’est lui qui est l’Agneau de Dieu, c’est-à-dire la grande victime dont le sang doit effacer les péchés du monde. C’est lui qui est le vrai prophète de la Loi nouvelle. Je suis l’un des derniers représentants de ce que fut le peuple de Dieu ; et ce peuple va mourir avec moi. Un nouveau royaume va être fondé dont Jésus de Nazareth sera le souverain. Il est le Roi des rois, et le jour vient où votre Rome sera châtiée comme Jérusalem, et deviendra le siège de son puissant empire qui éclipsera celui d’Auguste…

J’étais déjà sorti de la cellule du prisonnier, et je crus qu’il délirait. Ses yeux qui lançaient des flammes restaient fixés sur quelque lointain imaginaire. L’intendant referma la porte et je retournai dans mon appartement.

Le soir eut lieu le banquet que je n’ai pas le temps de te décrire, et qui s’est terminé d’une façon si tragique.

Nous avions dégusté les mets les plus rares et les vins les plus exquis, lorsque l’une des portes de la salle s’ouvrit et livra passage à une danseuse.

C’est un spectacle que les rois d’Orient ne manquent jamais d’offrir à leurs hôtes, et qui est toujours fort apprécié. Mais cette fois la danseuse était particulièrement intéressante ; car ce n’était pas une professionnelle, une almée égyptienne, mais une princesse juive. C’était Salomé, la fille même d’Hérodiade.