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chrétienne

thousiasme, suivi de découragement. Mais faut-il en conclure que nous ne devons pas prendre pour idéal un être qui soit tant au-dessus de nous ?

Non, certes, mille fois non. Un idéal que nous pourrions égaler ne serait pas digne de ce nom ! C’est notre destinée comme chrétiens de travailler toute notre vie, à ressembler au Christ, notre modèle, sans possibilité d’un succès complet. C’est notre destinée, comme poètes, d’entasser travaux sur travaux pour célébrer dignement sa gloire, sans jamais en donner une idée adéquate. Mais n’y eut-il dans tout un volume qu’une seule page capable de conquérir une âme à Jésus-Christ, que ce volume ne serait pas inutile. Ce serait le verre d’eau donné au nom du Sauveur, et qui acquerrait des mérites infinis à l’écrivain.

Je n’ai pas d’autre ambition, lecteurs, que de vous offrir aujourd’hui au nom du Christ ce verre d’eau qu’il a promis de récompenser.

Tous les poètes vraiment chrétiens ont eu cette ambition, et ont tenté de la satisfaire. Que dis-je ? Les poètes sans foi, que l’impiété moderne compte dans ses rangs, se sont eux-mêmes laissés entraîner à chanter ce Jésus auquel ils ne croient pas, tant est puissante l’attraction poétique de cet idéal !

Victor Hugo l’a quelquefois rencontré, lorsque son puissant génie s’envolait à la recherche de quelque