Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AU COLISÉE




On dit que le bon, le grand serpent d’Afrique,
Quand il est bien repu de chair vive et de sang,
Se recourbe et s’endort d’un sommeil létargique
En serrant les anneaux de son orbe impuissant ;

Quand je te vois gisant sur ton lit de poussière,
Immense Colisée aux arceaux surannés,
Je me dis que sans doute, Ô grand monstre de pierre,
Tu cuves les festins que César t’a donnés !

Hélas ! il t’a servi de chair virginale,
Versé tant de sang pur pour apaiser ta faim,
Que tu n’as pu survivre à l’orgie infernale,
Et que ton lourd sommeil n’aura jamais de fin !