Jérusalem, dressant ses dômes spacieux,
Ses minarets dorés et ses hautes coupoles,
S’estompait vaguement dans le lointain d’azur.
Déjà dans les vallons brillaient les fleurs écloses ;
Tout le cîel, rayonnant d’un éclat vif et pur,
Semblait communiquer la vie à toutes choses.
La joie était dans l’air. Les sentiers verdoyants
Voyaient épanouir les lilas et les roses.
De la cime des monts et des palmiers géants
S’élevaient vers le ciel des hymnes matinales,
Et la nature entière, aux pieds du Créateur,
Plus fidèle que l’homme oubliant son auteur,
Semblait, en déployant ses splendeurs virginale »,
Implorer le pardon du prévaricateur :
« Grâce ! disaient les voix s’élevant de la terre,
Grâce ! chantaient en chœur les forêts et les flots,
Et le vallon modeste et la montagne altière,
Le cèdre et le brin d’herbe unissant leurs sanglote.
Prends pitié de ce monde, ô Dieu, grâce pour l’homme,
Sauve-le de l’abîme où Satan l’a plongé,
Que ton Verbe descende enfin dans son royaume,
Et la face du monde aura bientôt changé ! »
Soudain parut dans l’air une étrange merveille.
Les bergers vigilants qui lovèrent les yeux
Et les hommes des champs qui prêtèrent l’oreille
Sentirent la frayeur hérisser leurs cheveux !
Un grand monstre volant et d’un aspect terrible
Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/37
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
la tentation