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échos évangéliques

Mais l’effet est plus grand encore en Jésus-Christ :
Voyez, non seulement elle inonde son âme
De ces feux de l’amour qui la font scintiller ;
Mais son visage même est un globe de flamme,
Et tout son corps devient un lumineux foyer.
Sa prière établit un courant électrique
S’élançant du Thabor jusqu’aux sommets des cieux,
Et la gloire céleste, éclatante, féerique,
S’épanche sur la terre en torrents radieux !…
Mais voici qu’au-dessus du sommet solitaire
Le prodige grandit à nos yeux dilatés !
Jésus transfiguré ne touche plus la terre,
Et nous voyons soudain surgir à ses côtés,
Venant on ne sait d’où deux nouveaux personnages !
Quels sont donc ces deux rois remplis de majesté,
Qui viennent au Messie apporter leurs hommages ?
Ce ne sont pas des rois ; mais, dans l’antiquité,
Le monde n’a connu, ni souverains, ni justes,
Ni prophètes, ni suints, qui fussent plus grands qu’eux.
Inclinons-nous, chrétiens, devant leurs noms augustes,
Ils sont plus que des rois, ils sont presque des dieux !
L’un s’appelle Moïse ! et, l’autre c’est Élie !
Moïse, Souverain Pontife et Magistrat !
Chef d’un peuple d’élite à qui le ciel s’allie
Et qui règle avec Dieu les termes du contrat !
Moïse qui poursuit partout l’idolâtrie
Et reçoit du Très-Haut, les tables de la loi,
Qui constitue un peuple et fonde une patrie,
Qui lègue à son Église un symbole de foi !