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seize ans, après les plus brillants succès, il avait terminé son cours classique, et il partait pour l’Europe en compagnie de M. l’abbé Holmes.

C’est à Rome qu’il entra dans l’état ecclésiastique, quand il n’avait encore que dix-sept ans.

On devine quels sentiments un séjour assez prolongé dans la ville des papes dut inspirer au jeune lévite, et quels liens puissants se formèrent dès lors entre la sainte Église et ce cœur jeune, pur et plein d’aspirations élevées.

L’illustre abbé Dom Guéranger était alors à Rome et travaillait au rétablissement de l’ordre des Bénédictins en France. Le jeune Taschereau fit sa connaissance, et il voulut entrer dans le nouvel ordre, qui convenait si bien à son goût naturel pour la vie monastique et pour l’étude.

Mais Dieu lui réservait d’autres destinées dans sa patrie. M. l’abbé Holmes lui fit ajourner son pieux dessein et le ramena à sa famille, afin qu’il pût la consulter à ce sujet. Les avis de ses parents et de ses directeurs modifièrent ses projets : il entra au séminaire de Québec ; mais la vie qu’il y mena fut bien celle d’un bénédictin.

Ses études théologiques n’y furent pas moins brillantes que ses études classiques, et, le 10 septembre, 1842, il fut ordonné prêtre.

À dater de cette époque, sa vie a été de plus en plus intimement liée à l’histoire du séminaire de Québec. Ce fut pour lui la maison paternelle, et nul ne pourrait mieux que lui nous parler de cette famille dont il a été successivement le fils et le père.

Aussi ne sommes-nous pas étonné d’apprendre par son biographe, Mgr . Têtu, qu’il a écrit une longue histoire du séminaire de Québec, encore inédite. Pieux travail, qu’a dû inspirer un double amour, filial et paternel.

Jusqu’à son élévation sur le siège archiépiscopal de Québec, en 1871, il ne s’est jamais éloigné de son cher séminaire que temporairement et pour des raisons graves : — la première fois, pour aller soigner les émigrés irlandais, malades du typhus, à la Grosse-Isle, où il prit la fièvre et faillit mourir ; la seconde fois, pour aller étudier le droit canonique à Rome, d’où il revint avec le diplôme de docteur.

Au séminaire, il a enseigné tour à tour la rhétorique, la philosophie, le dogme, la morale et le droit canonique. Ceux qui ont été