Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/23

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Origine du latifundium. — Cela n’est pas un fait récent que la prédominance de la grande propriété à culture extensive dans les environs de Rome. Les lois agraires de la République romaine avaient précisément pour but de fixer une limite maxima aux possessions des familles patriciennes et aux troupeaux qu’elles envoyaient sur les pâturages publics. Dès les premiers siècles de Rome, c’était une tendance des citoyens riches d’accaparer à leur profit le territoire de l' Ager publicus et les terres conquises sur l’ennemi. Si la question agraire est presque aussi vieille que Rome, le latifundium l'est autant qu’elle. Cependant c’est vers la fin de la République que les latifundia prirent une extension considérable, lorsque Rome, devenue puissante, eut abandonné l’agriculture pour l’art militaire, lorsque les tributs des peuples vaincus vinrent entretenir l’oisiveté des maitres du monde, et lorsque le blé de Sicile et d’Égypte assura la nourriture des citoyens-mendiants qui formaient alors le peuple-roi.

La plèbe s’entasse alors à Rome, mais la campagne n’est pas déserte ; elle est seulement peuplée d’esclaves. Les champs sont transformés en jardins et les fermes font place aux villas. Le Romain ne va plus à la campagne pour y travailler, mais pour s’y reposer ; il n’y produit plus rien, mais il y dépense beaucoup. C’est alors, et non sans raison, que Pline reproche aux latifundia de causer la perte de l’Italie : Latifundia perdidere Italiam.

Mais le latifundium a survécu à la ruine de l’Italie. Les tributs des nations conquises et le