Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/265

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donc aux débuts d’une véritable colonisation qu’on assiste actuellement dans la Campagne romaine. C’est une colonisation en territoire vacant par deux races différentes et subordonnées l’une à l’autre. La classe supérieure et dirigeante est fournie, en général, par l’Italie du Nord ; la population ouvrière et dirigée provient des montagnes de la Sabine et des Abruzzes. La première est plus dégagée que la seconde de la formation communautaire ; elle a subi l’influence du commerce et de l’industrie et a été en contact avec l’étranger. Elle possède l’esprit d’entreprise et l’aptitude aux affaires. Elle peut donc fournir aux montagnards du midi, sobres, travailleurs et dociles, les chefs qui leur manquent.

Quand je parle de territoire vacant, c’est plus exactement territoire non peuplé qu’il faudrait dire, car l’Agro romano est très nettement et complètement approprié, et cette appropriation n’est, en fait, contestée par personne. Ceci même est un avantage pour le colonisateur qui ne trouve devant lui que le propriétaire ayant sur le sol des droits bien affirmés et bien définis ; lorsqu’il est d’accord avec lui, il peut ensuite organiser son exploitation à sa guise en toute liberté sans être gêné par le voisinage ni par les usages locaux. Il taille en plein drap. Il règle la quantité de main-d’œuvre d’après ses besoins et choisit librement ses ouvriers. Toute une série de difficultés ayant ordinairement pour cause la présence de la population locale se trouvent écartées.

Il n’en est pas ainsi dans toute la province de Rome. Nous savons que, dans le Viterbois, le