Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/272

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transformer ou disparaître. Si les propriétaires ne savent pas prendre l’initiative de révolution, ils seront rendus responsables de la crise et supprimés. Leur suppression pourra être légale par voie d’expropriation au profit des domaines collectifs, ou révolutionnaire par le soulèvement des prolétaires ruraux. Elle pourra résulter aussi du simple jeu des lois économiques par suite de la concurrence de patrons plus capables qui, mieux adaptés aux conditions actuelles, évinceront progressivement les anciens propriétaires. La question agraire trouverait ainsi sa solution dans l’initiative privée, tandis que, jusqu’à ce jour, les mesures violentes et les interventions des pouvoirs publics se sont montrées inefficaces.

Aussi croyons-nous que c’est dans ce sens que s’orientera l’évolution sociale dans la province de Rome. Nous avons déjà pu en noter les débuts sur les domaines colonisés par les agriculteurs lombards. Ceux-ci, se substituant à des patrons incapables ou insouciants, transforment les méthodes du travail, le rendent plus intensif et plus productif, assurent ainsi l’existence matérielle d’une population toujours plus nombreuse en même temps qu’ils font indirectement son éducation professionnelle et qu’ils modifient progressivement sa formation sociale.

La question agraire se ramène ainsi à une question de patronage. Le malaise actuel est précisément dû à ce que la race locale n’a pas pu produire de patrons capables. Aussi les pouvoirs publics ont-ils cru devoir intervenir, car leur intervention est toujours d’autant plus envahissante que les