Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subi la même concentration que celui de la brebis. Nous avons lieu de croire que la situation était jadis à Cervara ce qu’elle est aujourd’hui à Jenne et que Jenne finira par ressembler à Cervara par suite de la sélection qui s’opère entre les petits propriétaires de bétail, à moins que d’ici là les conditions agricoles de l’Agro romano ne soient modifiées. Déjà à Jenne, le nombre des bergers salariés tend à décroître, car beaucoup de ceux-ci cherchent à se fixer à Rome ou aux environs comme gardes, vachers et même employés.

L’émigration pastorale n’est pas la seule que nous constations à Jenne ; un certain nombre d’hommes vont travailler aux vignes à Frascati où ils prennent des habitudes différentes de celles de leur pays d'origine. En mai, partent aussi de Jenne des tondeurs de brebis et des femmes qui vont épamprer les vignes dans les Castelli romani.

On voit, par ce que nous venons de dire, que la crise agraire ne se fait pas sentir sur les pasteurs transhumants qui s’accommodent fort bien du pâturage extensif et du latifundium. Tout au contraire, c’est parce que l’exploitation des brebis a pris une grande extension et est très avantageuse qu’ils trouvent facilement des moyens d’existence et que leurs salaires ont triplé en dix ou quinze ans. Ces salaires, qu’ils peuvent épargner en totalité, augmentent les ressources que la famille tire de son petit domaine de la montagne et lui permettent parfois de s’élever. Parmi les salariés agricoles de l’Italie, le berger de l’Agro romano occupe certainement une situation enviable. Si,