Page:Roux - La Question agraire en Italie, 1910.djvu/76

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en loin au bout d’un temps variable ; on la continue pendant plusieurs années sur les terres d’alluvion fertiles dans les fonds de vallée, tandis qu’on l’abandonne au bout d’un an ou deux sur les collines ; certains propriétaires l’interdisent même sur les mamelons et les pentes où elle est nuisible, car, en ameublissant le sol, elle favorise l’érosion, le rocher reste à nu et le pâturage ne peut se rétablir ; or, le pâturage est la vraie richesse. C’est pour éviter l’appauvrissement du sol par une culture trop prolongée et trop étendue que les baux obligent les fermiers à laisser en pâturage toutes les terres pendant les deux dernières années de jouissance. Cette mesure apporte le plus grande trouble dans l’organisation de la main-d’œuvre. J’ai vu plusieurs domaines sur lesquels, les années précédentes, vivaient et travaillaient jusqu’à 400 personnes et qui, lors de ma visite, n’occupaient plus aucun ouvrier de culture. Toute rotation rationnelle est naturellement inconnue : sur le défrichement on sème du maïs, puis vient du blé ou de l’avoine pendant un an ou deux. Le fumier de ferme n’est pas plus employé que les engrais chimiques ; c’est bien à proprement parler une culture vampire que celle de l’Agro romano. Les méthodes y sont aussi des plus primitives : la charrue qui ne s’est pas modifiée depuis les Étrusques laboure peu profondément et sans retourner le sol ; dans les meilleurs terrains, c’est encore la bêche et la pioche qui ont la préférence.

La culture se fait en régie sous la direction du fattore, employé du fermier spécialement chargé