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François-Joseph de Vienne


Les romanciers soi-disant historiques détruisent parfois des réputations en peu de temps. Le roman de William Kirby, The Golden Dog, publié il y a déjà plus de trois quarts de siècle, a eu et a encore une vogue considérable au Canada et aux États-Unis. Ce roman, est peut-être une peinture fidèle des mœurs et coutumes des dernières années du régime français au Canada, mais on ne peut qualifier le Golden Dog de roman vraiment historique. M. Kirby a fait une étrange confusion des personnages qu’il met en scène. Il a rangé au nombre des canailles plusieurs honnêtes gens et il a classé parmi les purs quelques fieffées canailles. La faute n’en est pas à M. Kirby. Il s’est trop fié aux informations de sir James-M. Lemoine, qui cultivait plus la légende que la vérité.

C’est ainsi que M. Kirky a fait une réputation peu enviable à François-Joseph de Vienne, garde-magasin intérimaire à Québec, en 1759. À plusieurs reprises, l’auteur joint au nom de M. de Vienne l’épithète peu flatteuse de « little rascal ». M. Kirby, croyons-nous, a dépassé la mesure en présentant M. de Vienne comme un bandit. Le garde-magasin de Vienne, qui était sous les ordres immédiats de Bigot, a pu commettre par son ordre certaines irrégularités et faire même quelques profits au détriment du Roi mais, en somme, il n’a pas joué le rôle infâme que lui prête le romancier.