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cher les cheveux et la barbe, et enfoncer profondément leurs ongles toujours très aigus, dans les parties du corps les plus délicates et les plus sensibles. Chaque soir, pour se délasser des fatigues de la journée, on renouvelait les tortures. Cette marche funèbre de chrétiens avait quitté les rives du Saint-Laurent depuis huit jours lorsqu’on fit la rencontre de deux cents guerriers iroquois qui venaient à la chasse des Français.

C’était une croyance parmi les sauvages que ceux qui partaient pour la guerre étaient d’autant plus heureux qu’ils étaient plus cruels envers leurs ennemis. Les guerriers s’en allant en course, à la vue des prisonniers, remercient d’abord le soleil, dieu des combats, de cette capture et félicitent leurs compatriotes par une brillante décharge de mousqueterie, puis tous entrent dans les bois voisins pour y couper des bâtons. Ainsi armés, deux cents guerriers se rangent sur deux lignes et font passer les prisonniers tout nus dans ce chemin nouveau. C’est à qui deschargera plus de coups et plus fortement. Le père Jogues, qui est réservé pour la fin, n’a pas fait la moitié de la route, qu’il tombe écrasé sous cette grêle de coups et ne peut plus se relever. Un instant on le croit mort. Il revient à