Aller au contenu

Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
L’épluchette

Ce sont les neiges, les froids ;
Les loups des grands bois,
L’arbre abattu, qui parfois,
Dévie et dont la chute coûte
Sous son terriblement lourd poids
La vie à plus d’un brave.
Puis, au printemps, c’est la drave ;
La descente des billots
Sur de turbulentes eaux.
Pour lutter avec avantage
Contre l’onde qui fait rage,
Il faut bon pied, un coup d’œil sûr.
Quel labeur dangereux et dur !

Ces équipes ainsi formées,
Qui, de leur acier armées
Décimèrent nos forêts
Furent de races différentes,
Rivales, guerroyantes,
Dont le Canadien-Français
Supporta plein de courage
L’agressive trinité.
Il eut souvent à lutter
S’en tirant avec avantage
Pour soutenir l’honneur du nom.
Quand on disait dans le canton :
— Ah ! un tel ! Ça, c’est un homme !
Ça s’bat, ça n’a peur de rien !
C’était un éloge, en somme,
Qui chatouillait fort, oui-bien !