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UNE TRAHISON

Le site sur le côté nord de la rivière était bien favorable pour l’emplacement d’un poste militaire. La rivière faisait là un coude et le terrain figurait un vaste plateau. Aussi, M. de la Vérendrye jugea l’endroit excellent pour la construction d’un fort.

Tout le monde se mit à l’œuvre avec ardeur et, en peu de temps on établit un poste fortifié qui reçut le nom du gouverneur de la Nouvelle-France : La Jonquière.


X

UNE TRAHISON


Du fort La Jonquière, par une journée ensoleillée, l’œil humain apercevait, bien loin, au sud-ouest, les Montagnes Rocheuses. Un peu plus au nord, la rivière de la Saskatchewan, comme un ruban argenté flottant au gré de la brise, s’arrondissait et se déroulait à travers le pays en de capricieux méandres.

Ce cours d’eau prenait certainement sa source dans les monts perdus à l’horizon.

La construction du fort avait occupé, pendant trois semaines, la petite bande courageuse et, lorsque tout fut terminé, de la Vérendrye attendit M. de Niverville qui, au fort Paskoyac, lui avait promis de le suivre à un mois de distance.

Deux jours après que tous les travaux pour la construction du poste furent complétés, Brazeau, homme brave et d’expérience à la rude vie des bois, s’approcha de son premier officier et lui dit :

— Mon capitaine, maintenant que nous n’avons plus rien à faire, nous permettriez-vous à quelques-uns d’entre nous d’explorer les alentours et de rapporter du gibier, s’il en vient à portée de nos fusils, et que nous l’abattions ?… Ce serait une recréation qui nous ferait grand bien.

Joseph acquiesça et voulut même conduire les chasseurs.

Il avait son dessein, dont nous nous doutons bien. En chassant et explorant le pays voisin il découvrirait probablement la mine d’or mentionnée dans les papiers secrets, légués par le Bison mourant.

À cet effet, il choisit trois de ses hommes, des plus sûrs, fidèles, et résolut de partir le lendemain. Il n’y avait pas de temps à perdre parce qu’il voulait être au fort quand M. de Niverville arriverait.

Il confia la charge du poste à M. de Noyelles et lui recommanda de faire bonne garde.

— Tu n’es pas assez expérimenté pour te mesurer avec les rusés peaux-rouges, lui dit-il en partant. Ne leur donne pas accès au fort durant mon absence. Contente-toi de communiquer avec ceux qui viendront — s’il en vient — du haut de l’enceinte de nos fortifications. Je te laisse Brossard, qui s’entend un peu à baragouiner le Kristinot et quelques autres idiomes ; il te servira d’interprète.

De la Vérendrye partit le matin de bonne heure, dans l’une des embarcations qui avaient servi jusque-là.