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Page:Roy - Le secret de l'amulette, 1926.djvu/34

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qu’au printemps. Il aura été arrêté en chemin et ne parviendra pas jusqu’à nous ; ou bien, il lui sera arrivé quelques chose à Paskoyac, un accident, une maladie, etc… l’empêchant de nous suivre.

Les jours qui suivirent cette conversation furent employés à la chasse aux alentours du fort. Les Français y allaient par deux, à tour de rôle. Ceci apportait un peu de variété à leur vie et les familiarisait avec les environs de La Jonquière.

L’automne s’avançait ; comme M. de Niverville ne paraissait toujours pas, de la Vérendrie et de Noyelles commencèrent à croire qu’il ne viendrait pas, de l’hiver.

XI

VENGEANCE DE PEAU-ROUGE

Un beau matin, comme Joseph montait sur la plate-forme principale près de la porte du fort, le soldat en faction lui apprit qu’il venait justement d’apercevoir vers le sud, très loin, une troupe de sauvages, selon toute probabilité, mais il ne pouvait distinguer s’ils appartenaient à une nation amie.

Alors le commandant à son tour scruta l’horizon au point indiqué. Il n’y avait pas à s’y tromper : plus d’une centaine d’hommes s’acheminaient au nord, et devaient indubitablement arriver au fort dans quelques heures.

Il convenait donc d’être en garde, dans le cas où les nouveaux venus auraient des tendances belliqueuses. Mais si leurs sentiments étaient pacifiques, la vue de soldats bien armés ne manquerait pas d’avoir un résultat salutaire.

M. de la Vérendrie fit prévenir ses soldats, et disposa tout pour repousser une attaque, si cette éventualité se produisait.

On s’alarmait à tort : les sauvages signalés n’avaient aucune pensée ou projet sanguinaire, — pour le moment du moins.

Ces gens appartenaient aux Yhatchéilinis, peuplade nomade, vivant de chasse et de pêche.

Ils demandèrent la permission de se grouper autour du fort. Joseph ne voulut pas la leur accorder, mais leur permit de s’établir à l’ouest de son poste, à une centaine de verges. De la sorte, il serait toujours facile d’exercer une surveillance plus efficace sur un point seul, que sur les quatre côtés du fort.

Il eut la visite des principaux chefs.

Le calumet de la paix et de l’amitié fut allumé et fumé par les chefs et les deux officiers canadiens.

Puis, ayant fait des présents aux sauvages, Joseph les congédia.

En partant, les Yhatchéilinis lui firent promettre qu’il irait avec son frère blanc, les voir à leurs ouigouames.

Joseph et Pierre, naturellement, acquiescèrent à ce légitime désir.

Les sauvages établis près du fort, comptaient quarante-deux familles, et environ une soixantaine d’hommes en état de porter les armes.

Le grand chef se nommait le Corbeau.

Quand messieurs de la Vérendrie et de Noyelles visitèrent le village indien ils remarquèrent les fils de Patte-d’Ours, l’un des chefs subalternes. Ils étaient bien taillés et pouvaient être très utiles aux officiers pour le plan qu’ils mûrissaient, relativement à la découverte de la mine.

Ils déclarèrent à Patte-d’Ours qu’ils aimeraient à explorer le pays avoisinant et requerraient les services de deux hommes solides, et, qu’en voyant ses fils, ils avaient cru trouver ceux dont ils avaient besoin.

Ils ajoutèrent immédiatement que de jolis présents seraient leur récompense, à lui et à ses fils, s’ils répondaient à leurs espérances.

Flatté par ces paroles et plus encore par la perspective de présents des blancs, Patte-d’Ours et ses dignes rejetons n’hésitèrent pas à conclure un arrangement. L’un se nommait le Renard, c’était l’aîné, âgé de vingt-cinq ans, et l’autre, l’Écureuil, de deux ans plus jeune.

Le choix de Joseph avait créé quelque jalousie dans la tribu des Yhatchéilinis ; notamment chez plusieurs jeunes braves, et entr’autres, Œil-de-Faucon, le fils du Corbeau.

Et de toutes manières, ces derniers s’ingénièrent à nuire au Renard et à l’Écureuil. Mais les fils de Patte-d’Ours veillaient, et l’on ne pouvait jamais les prendre en défaut : ils se défendaient trop bien.

Afin d’être en mesure de juger de l’intelligence et de la bonne volonté des deux frères, Joseph et Pierre, allant à la chasse, se faisaient toujours accompagner par eux. Ils se convainquirent en peu de temps, qu’ils avaient fait une bonne affaire, et que le Renard et l’Écureuil leur étaient tout dévoués.

L’hiver approchait.

— Si nous attendons trop longtemps, déclara un jour M. de Noyelles à son ami, pour