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ROMANCIERS DE CHEZ NOUS

sacrifié, et il l’est dans les grands prix. Que l’auteur de L’Oublié, se rappelle cependant que les don Sanches sont aussi ridicules dans le roman que sur la scène.

Nous avons laissé entendre, ou plutôt fait voir tout à l’heure par un exemple, comment Laure Conan sait introduire dans son livre des récits à la fois simples et attachants. Il serait facile d’y insister encore, et d’indiquer au lecteur d’autres narrations ni moins sobres ni moins délicates[1].

Nous pourrions souhaiter que tous les récits de L’Oublié ressemblassent à ceux-là, et que la même inspiration, la même continuité, le même esprit de suite présidât à leurs développements. On peut, en effet, relever ici et là, dans ce livre, certaines incohérences de composition qui font que parfois les chapitres ne sont pas très bien conduits, ni même les paragraphes assez bien organisés.

Sans doute aussi que l’auteur aurait pu fondre davantage toutes les parties de son livre, et grouper de façon plus serrée autour de son personnage principal tous les autres héros. Il y a certains chapitres qui forment presque un tout à part, ou qui se rattachent trop indirectement à l’histoire de Lambert Closse, de l’« oublié ». D’où il suit que le roman nous apparaît trop quelquefois comme une série de tableaux, très intéressants d’ailleurs, mais qui donnent au livre ce caractère un peu mêlé et composite dont nous parlions au début.

Aussi, ce qui vaut surtout dans L’Oublié c’est, outre la finesse de certains détails, l’ingéniosité de beaucoup d’analyses, la beauté d’un très grand nombre de récits, c’est la noblesse et comme la dignité de l’inspiration. Un même souffle anime toutes ces pages, et ce souffle est franchement patriotique et chrétien. Et l’on sort meilleur d’une lecture qui vous suggère de si bonnes pensées, de si religieux sentiments.

  1. L’Oublié, pp. 40-43.