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LE MANOIR DE L’ÎLE DE MONTESSON À BÉCANCOUR



L E premier seigneur de Bécancour fut Pierre Le Gardeur de Repentigny. Il légua sa seigneurie à son fils, Charles Le Gardeur de Villiers. Elle passa ensuite à Philippe Gaultier de Comporté qui la vendit, le 14 novembre 1684, à Pierre Robineau de Bécancour. Jusque-là la seigneurie avait porté le nom de Rivière-Puante ; M. de Bécancour lui donna son nom.

En 1708, M. de Bécancour consentit à céder une partie de sa seigneurie afin de permettre aux Abénakis de s’établir en cet endroit. Il était entendu que si les Abénakis disparaissaient de Bécancour le seigneur rentrerait de plein droit dans la possession du terrain cédé.

En arrivant à Bécancour, les Abénakis se fixèrent dans l’île aujourd’hui connue sous le nom de Montesson. La même année, on construisit sur l’île une petite église en bois.

En 1721, le Père de Charlevoix disait des Abénakis de Bécancour :

« Le village abénakis de Bécancour n’est pas présentement aussi peuplé qu’il l’était il y a quelques années. Il ne laisserait pas pourtant de nous être d’un grand secours, si la guerre recommençait. Ces Sauvages sont les meilleurs partisans du pays et toujours disposés à faire des courses dans la Nouvelle-Angleterre, où leur seul nom a souvent jeté l’épouvante jusque dans Boston. Ils sont tous chrétiens et on leur a bâti une jolie chapelle, ou ils pratiquent tous les exercices du christianisme. »

Le Père de Charlevoix nous apprend aussi que M. de Bécancour résidait sur l’île de Montesson avec les Sauvages :

« La vie que mène M. de Bécancour dans ce désert, — car on n’y voit point encore d’autre habitant que le seigneur — rappelle assez naturellement le souvenir de ces anciens patriarches qui ne dédaignaient point de partager avec leurs domestiques le travail de la campagne et vivaient presqu’aussi sobrement qu’eux. Le profit qu’il peut faire par le commerce avec les Sauvages, ses voisins, en achetant d’eux les pelleteries de la première main, vaut bien les redevances qu’il pourrait tirer des habitants, à qui il aurait partagé ses terres. »