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Page:Roy - Vieux manoirs, vieilles maisons, 1927.djvu/164

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Antoine Boucher de la Broquerie et, enfin, à Charles Taché, marié à Louise-Henriette Boucher de la Broquerie. Leur fils, Mgr A.-A. Taché, héritier de la vieille maison ancestrale, la donna aux Révérends Pères Jésuites qui, après l’avoir agrandie, en ont fait le célèbre lieu de retraites fermées connu sous le nom de Villa de la Broquerie.

Le Père Lalande écrivait en 1890 :

« Villa de la Broquerie, c’est le nom que lui ont donné les RR. PP. Jésuites. Par la générosité de Mgr Taché, ils en sont les propriétaires depuis quatre ans ; ils ont voulu que le bienfait conservât le nom le plus cher au bienfaiteur. Pendant un siècle — ce sont les paroles de Mgr de Saint-Boniface — ce manoir a porté le nom de château Sabrevois ; non pas que sa magnificence lui donnât aucun titre au nom pompeux de château, mais parce que c’était une coutume des seigneurs et des nobles familles françaises d’appeler ainsi leurs résidences. En lui donnant ce nom, le noble M. Sabrevois de Bleury n’a été que fidèle à cette coutume.

« Du château, il n’a ni l’architecture, ni les riches lambris, ni les fières allures. Point de donjons, point de créneaux, de balcons, de portiques. L’art n’a rien fait pour embellir cette résidence. Ne pouvant rivaliser victorieusement avec la nature, il lui en a laissé tout le soin. Elle s’en est gentiment acquittée et en a fait, pour la belle saison, un lieu de plaisance ravissant.

« Bâtie sur la côte, à vingt pas d’une grève, la villa a dans son site du pittoresque et du grand. D’un côté, les champs, les prairies remplies d’arôme, les hauteurs échelonnées à l’horizon. À ses pieds, la rivière Sabrevois que bordent deux rideaux de buissons. En face, le fleuve, ses îles, les côtes du nord, où l’œil s’en va vaguant de scène en scène jusqu’aux Laurentides. Azur ou nuages dans un vaste ciel, azur ou nuages dans l’onde du Saint-Laurent : immense miroir d’un incommensurable tableau »[1].

  1. Une vieille seigneurie, Boucherville, p. 316.