L’ANCIEN PRESBYTÈRE DE BEAUMONT
M. J.-Edmond Roy écrivait en 1897 :
« La paroisse de Beaumont si calme, si tranquille avec
sa vieille église perchée au sommet d’un
promontoire d’où la vue découvre un horizon superbe,
que de souvenirs elle éveille dans mon esprit chaque fois
que les hasards de la vie m’y ramènent ! C’est là que fut
le berceau de ma famille. Depuis deux cents ans quelques-uns
des miens y ont vécu, peiné, souffert. Ces champs, ce sont
des hommes de mon sang qui les ont fait fructifier. Que de
fois, ils ont parcouru ces grèves, sous le grand soleil ou par des
nuits d’orage, pour y relever leurs filets de pêche. À l’ombre
de ces ormes touffus, ils se sont assis, dans un jour de joie ou
de deuil. Dans ce vieux cimetière, au bord de la falaise, en
face de la grande mer, combien d’entre eux dorment leur
dernier sommeil ! Ils y reposent dans la paix en attendant
le grand réveil.
« Vieux aïeux, chair de ma chair, os de mes os, vous avez vécu au milieu du calme et dans le contentement le plus parfait. Au delà de la borne de vos champs vous ne connaissiez pas d’horizon. Vous n’avez pas connu non plus les désenchantements de la vie. Pourquoi dirais-je paix à vos cendres ? Ne continuez-vous pas à jouir dans la mort de votre félicité terrestre »[1] ?
La première église de Beaumont fut construite en 1694. Elle était en bois et de petites dimensions. Tout à côté, on éleva un modeste presbytère.
En 1722, on remplaça ce presbytère par une maison un peu plus convenable. Ce presbytère, vieux de plus de deux siècles, existe encore. Il sert d’école depuis soixante-dix à quatre-vingts ans. En 1904, on l’a restauré, agrandi, élevé, etc. Bien sûr, s’il était donné aux bons vieux curés qui l’ont habité pendant tant d’années de revenir à Beaumont, ils ne le reconnaîtraient plus, tant on l’a modifié. Mais, qu’importe, à Beaumont, on a le culte du souvenir et les braves habitants ont voulu conserver à côté de leur antique église le presbytère qu’avaient connu leurs ancêtres.
- ↑ Nicolas Le Roy et ses descendants, p. 92.