Page:Roy - Vieux manoirs, vieilles maisons, 1927.djvu/23

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devint donc un magasin ; les salles furent converties en comptoirs où vinrent s’entasser les étoffes, les épiceries et les liqueurs ; les voûtes reçurent les pelleteries apportées par les Sauvages.

« Puis, arriva bientôt l’époque mémorable qui changea tant de choses. Quoique la Compagnie des Indes eût cessé d’exister vers 1750, la maison portait encore son nom au moment de la conquête. Elle fut alors achetée par M. Grant et passa ensuite au gouvernement. Les gouverneurs de Montréal en firent leur demeure officielle sinon privée, et lui donnèrent le titre d’hôtel du gouvernement qui semblait rappeler son ancienne destination.

« Pendant l’invasion de 1775, les Américains se croyant obligés de remplacer les Anglais partout, le brigadier général Wooster vint loger à l’hôtel du gouvernement. Au printemps de 1776, Arnold, qui était encore dans toute sa gloire, vint remplacer Wooster et se reposer de ses inutiles efforts contre Québec.

« Vers 1784, le Vieux Château fut restauré par le baron de Saint-Léger qui l’habita quelque temps.

« Pendant les sessions orageuses de 1844 à 1849, il fut le siège des délibérations des deux ministères qui se sont succédé dans cette période importante de notre histoire parlementaire. Sir John Colborne et lord Sydenham y tinrent les séances du Conseil Spécial de 1838 à 1841 »[1].

De l’automne de 1849 à l’automne de 1856, le Vieux Château fut occupé comme palais de justice. Puis le département de l’éducation et l’École Normale Jacques-Cartier furent logés dans le Vieux Château.

Par la suite, le château logea l’Université Laval, la Cour de circuit et la Cour de magistrats.

La ville de Montréal, dès 1893, décida d’acheter le château ; mais le contrat ne fut effectivement passé qu’au mois de février 1895.

Deux mois plus tard, la Société d’Archéologie et de Numismatique de Montréal louait, pour une somme nominale, ce très intéressant édifice pour y installer ses collections de portraits, d’objets historiques et de monnaies.

Ce bail a été renouvelé à diverses reprises depuis.

  1. L’abbé H.-A. Verreau, Journal de l’Instruction publique, août 1857.