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LA MAISON MONTCALM, SUR LES REMPARTS,
À QUÉBEC



M P.-B. Casgrain écrivait en 1902 :

« L’on montre à Québec, du côté nord du Cap, sur les Remparts, un corps de logis composé de trois maisons distinctes, bâties en pierre, à deux étages, contiguës et pareilles par l’uniformité de leurs façades, recouvertes d’un lambris de même couleur. Elles font face au nord-est sur l’estuaire de la rivière Saint-Charles et offrent un point de vue admirable sur la baie et côte de Beauport et sur le vaste horizon que bordent les ondulations bleuâtres des Laurentides. C’est, dit-on, la maison que Montcalm a habitée. »

Ceci est parfaitement vrai. Montcalm a habité la maison de la rue des Remparts, à Québec, et c’est même de cette maison qu’il partit pour sa dernière campagne qui devait lui donner la mort en même temps que l’immortalité.

Le premier propriétaire de l’emplacement de la maison Montcalm fut un nommé Saint-Michel. Il en obtint la concession le 8 juillet 1724 des Messieurs du séminaire de Québec, propriétaires du fief du Sault-au-Matelot.

Plus tard, Nicolas Lanoullier, conseiller au Conseil Supérieur, déjà propriétaire d’un terrain voisin, fit l’acquisition de l’emplacement du sieur Saint-Michel. Un peu avant 1737, Lanoullier faisait ériger sur son emplacement un grand bâtiment en pierre avec des pavillons à chaque extrémité. Lanoullier fut bientôt en difficultés financières et sa maison fut vendue par autorité de justice le 28 novembre 1752. C’est Joseph Brassard Deschenaux qui l’acheta.

Montcalm passa l’hiver de 1757-1758 à Montréal. C’est pendant son séjour dans cette ville qu’il se décida à louer la maison de Brassard Deschenaux. Il n’avait jamais visité la maison mais on lui envoya à Montréal un plan de la disposition intérieure et il la trouva de son goût.

Dans la correspondance de Montcalm avec Bourlamaque, il est souvent question de cette maison.

Le 9 avril 1758, il écrivait à Bourlamaque :

C’est par lui (Cadet) que j’ai reçu la lettre de M. l’Intendant que je vous envoie ; vous verrez ce dont il s’agit. Je lui réponds pour le remercier, et je lui marque de voir un peu, avec M. Deschenaux, de quelle façon il faudra établir la communication entre les deux appartements, quoiqu’il ait habité cette maison… Je m’en rapporte bien à l’arrangement que vous croirez qu’il faudra prendre. »