LE MANOIR SABREVOIS DE BLEURY À SAINT-VINCENT-DE-PAUL DE L’ÎLE JÉSUS
P OUR réaliser un beau rêve, l’honorable M. Clément-Charles
Sabrevois de Bleury avait acheté, entre 1827
et 1837, de René Saint-James, J.-B. Baron et Joseph
Rollin, associés ou élèves du fameux sculpteur Joseph Quevillon,
divers morceaux de terre qui, réunis, formaient une
ferme de treize arpents de largeur par trente-deux de profondeur.
Ce magnifique domaine était borné en front par la
rivière des Prairies et, en arrière, par le rang Saint-François.
Sur sa partie sud, tout près de la rivière, M. de Bleury se fit
bâtir un manoir spacieux dont les façades, en avant et en
arrière, étaient ornées des armoiries de sa famille. Les
dépendances de ce vrai château étaient aussi des bâtiments en
pierre d’un coût assez élevé.
L’honorable M. de Bleury aimait à recevoir et les portes de son manoir s’ouvrirent bien souvent pour ses amis de Montréal et d’ailleurs. Lui et sa femme exerçaient une large et en même temps délicate hospitalité.
M. de Bleury avait épousé à Saint-Roch-de-L’Achigan, le 16 janvier 1823, Marie-Élisabeth-Alix Rocher, fille de Barthélémi Rocher et d’Angélique Pétrimoulx. M. Rocher père était alors représentant de M. Roch de Saint-Ours, seigneur de Lachenaie et bienfaiteur de la paroisse Saint-Roch, qui lui doit son nom.
Le dernier des Sabrevois de Bleury mourut subitement le 15 septembre 1862. Quand il fallut régler la succession du défunt, on constata que son superbe domaine de Saint-Vincent-de-Paul était fortement hypothéqué, et il dut être vendu par le shérif, le 30 décembre 1863. Ce fut M. Tancrède Bouthillier qui le racheta.
Le nouvel acquéreur semble avoir revendu ce bien-fonds en diverses parties et l’une d’elle échut à M. Félix Lussier, de Varennes, dont les descendants sont encore possesseurs du manoir[1].
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte. Dans le Bulletin des Recherches Historiques de 1926, pp. 7 et suivantes, M. Massicotte a publié une histoire généalogique complète de la famille Sabrevois de Bleury.