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Page:Royer - Introduction à la philosophie des femmes.pdf/20

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Clémence Royer

l’astronomie ou science des lois des astres, de leurs mouvements et de leur distribution par groupes mobiles dans l’immense étendue des cieux, avec les hypothèses les plus appuyées sur les causes et les modes de leur formation, transformation et destruction. Après cela vient la géologie ou la science de la terre et de ses révolutions, que par analogie on peut étendre à tous les mondes existants. C’est là l’ensemble du monde inanimé ou inorganique.

Nous voici enfin au monde vivant, au kosmos animé. Nous arrivons à l’intéressante étude des lois des êtres qui naissent, se reproduisent et meurent suivant une loi de génération toujours ininterrompue à travers toute la suite sans fin des siècles et peut-être des mondes eux-mêmes. Les générations disparues et fossilisées s’y rapprochent des générations vivantes et prédisent les générations de l’avenir. La paléontologie y complète la zoologie et la botanique. Enfin arrive le dernier et le plus bel anneau de cette chaîne, l’anthropologie, la science de l’humanité, l’histoire de son développement à travers les temps, celle de ses transformations, de son progrès toujours lent mais perpétuel, la marche de ses royales destinées dans ce monde qu’elle gouverne avec liberté, et comme chargée d’y représenter la vice-royauté de Dieu. Ce n’est point une histoire proprement dite que je vous offrirai, mesdames, au moins dans le sens qu l’on donne ordinairement à ce mot ; ce sera une philosophie de l’histoire, une peinture rapide de la chaîne des événements, une recherche consciencieuse de leurs causes et de leurs fins. Nous passerons en revue la succession des races, puis celle des langues, celle des institutions et des religions, celle de la littérature et des arts. Du passé enfin, sans nous arrêter au présent qui toujours fuit, nous nous lancerons prophétiquement dans l’avenir : nous conclurons de qui a été, ce qui doit être. C’est en ce sens seulement, dans le sens d’un retour périodique des mêmes séries de faits que ce mot de l’Ecclésiaste est vrai : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. » Et encore ce même soleil voit-il réellement deux fois les mêmes choses ? Non, tout paraît et disparaît devant lui, il passera lui-même et peut-être sans avoir éclairé deux êtres parfaitement identiques, sans avoir mesuré deux années semblables par leur fécondité sinon par leur durée. Devant Dieu seulement tout est immuable comme son immuable volonté : parce que, dans une durée éternelle, tout progrès,