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86 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

chronologique dans nos citations et à donner d’abord connaissance de ce que dit de la Pomme de terre Gaspard Bauhin, dans son Phytopinax, imprimé à Bâle en 1596. C’est à ce botaniste également célèbre, que l’on doit le nom scientifique de la Pomme de terre, Solanum tuberosum, nom qui a été consacré par Linné lorsqu’il a modifié la nomenclature de G. Bauhin[1].

Voici comment ce dernier parle de la Pomme de terre dans son Phytopinax, dont nous traduisons l’article qui s’y rapporte.


« Solanum tuberosum.

» Cette plante a une tige longue d’une coudée et demie ou de deux coudées[2], semblable à celle de la Tomate, presque arrondie, striée, légèrement velue, pleine de suc, verte et peu rameuse ; quelquefois cependant elle s’élève jusqu’à la hauteur d’un homme, et alors elle est très ramifiée, ce qui n’arrive assurément pas lorsqu’elle est plantée dans un pot. Les feuilles sont plus longues qu’une palme[3], presque velues, d’un vert pâle, subdivisées en six, huit ou plusieurs petites parties, comme si elles étaient découpées en feuilles spéciales, dont l’une est toujours placée à l’extrémité pour en terminer le nombre ; elles sont oblongues-arrondies, entières, disposées rarement de manière à se faire opposition, et parmi elles il s’en trouve interposées d’ordinaire deux autres six fois plus petites. Les rameaux se divisent communément en deux pédicules, dont chacun supporte plusieurs fleurs, les unes en boutons et trois ou quatre épanouies ; elles ressemblent aux fleurs des Aubergines, et sont grandes, d’un bleu purpurescent, à l’instar d’un calyce qui ne serait pas divisé jusqu’à sa base ; elles se terminent en cinq lobes aigus, parcourus par cinq lignes jaunâtres qui semblent les séparer par moitié ; au centre se trouvent quatre[4]


  1. — G. Bauhin a, en effet, dans son Pinax Theatri botanici, publié à Bâle en 1623, réuni sous des dénominations nouvelles toutes les dénominations diverses qui avaient été données aux mêmes plantes par les auteurs qui l’avaient précédé. C’est un travail d’autant plus remarquable qu’il exigeait la connaissance approfondie des espèces et de toute leur synonymie.
  2. — Environ de 60 à 90 centimètres.
  3. — Environ 7 à 8 centimètres.
  4. — Le texte latin porte quatuor. Nous verrons, par la seconde description qu’il en donne dans son Prodromos Theatri botanici, qu’il en trouvera communément cinq (staminula.., communiter quinque).