Aller au contenu

Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

» Ce fut le curé de la Broque, Louis Piat, qui le premier exigea de ses paroissiens la dîme des Pommes de terre. Sur leur refus, une sentence du prévôt de Badonviller du 19 Octobre 1693 les condamne à livrer à leur curé le cinquantième du produit pour tenir lieu de la dîme. Cette sentence déclarait les habitants de la vallée de Celles soumis à la même servitude.

» Le Val de St-Dié. si maltraité pendant les guerres du XVIIe siècle, remplaça la Vigne par la Pomme de terre, et la fit rentrer presque subitement dans la rotation triennale par les versaines ou terres de repos. Le Chapitre de St-Dié, témoin de la misère du pays causée par les ravages de la guerre, fut plus généreux que le curé de la Broque et n’exigea la dîme qu’après une culture libre de plus de 50 ans. Les habitants du Val invoquèrent la prescription et l’affaire fut portée à la Cour souveraine. La Cour balança longtemps entre l’humanité et le droit du seigneur. Les citadins regardaient la Pomme de terre comme un fruit vil et grossier, destiné plutôt à la nourriture des animaux qu’à celle de l’homme, et ils la rangeaient à côté du gland. Cependant un arrêt du 28 juin 1715, conforme aux conclusions du procureur général et fondé sur le droit divin, condamna les habitants du Val à payer la dîme des Pommes de terre ou Topinambours sur le pied des grosses dîmes. Cet arrêt fit naître des troubles au moment de la récolte. Les pauliers furent maltraités et les récoltes enlevées par les habitants. Un nouvel arrêt du 23 mars 1716 ordonna de livrer sur place le onzième du produit.

» La Pomme de terre ayant été adoptée successivement par les sujets des abbayes de Senones, Moyenmoutier et Etival, et par ceux des Dames de Remiremont, ces quatre établissements religieux sollicitèrent en commun un arrêt de dîme. C’est alors que l’édit du prince, du 4 mars 1719, prévint l’arrêt. »

Nous sommes reconnaissant à M. Chamoüin de nous avoir fait connaître que M. H. Labourasse a publié, en 1891, dans les Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, 2e série, t. IX, un Mémoire très documenté, intitulé : Parmentier et sa Légende. Nous en détachons le texte de l’arrêt du 28 juin 1715 et celui de l’édit du 4 mars 1719, dont il vient d’être question. Ces textes renferment d’assez curieux détails sur ce que l’on pensait alors de la Pomme de terre et sur les ressources qu’on commençait à tirer de sa culture.