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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/142

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128 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE


Nous n’avons pas besoin de faire remarquer les détails assez curieux que nous font connaître cet Arrêt et cette Ordonnance, surtout en ce qui concerne l’introduction, à la même époque, de la Pomme de terre dans l’Alsace et les Vosges. Il se peut que Gaspard Bauhin qui la cultivait à Bâle, vers 1620, n’y soit pas resté étranger. Mais il ne serait pas possible de lui en savoir gré, car il n’en dit rien lui-même, et nous ne faisons cette supposition qu’en raison du voisinage de Bâle et de la région alsacienne et vosgienne.

Quant au nom de Topinambour que l’on donne parfois dans cet Arrêt de 1715 à la Pomme de terre, on se rappelle que Frezier, en 1716, dans la Relation de son Voyage de la Mer du Sud, désignait aussi les Papas des Indiens du Chili sous les dénominations de Pommes de terre ou Taupinambours, dénominations qui s’ajoutent aux noms français déjà cités de Truffes, Truffes rouges et Patates.

D’un autre côté, cherchons s’il ne serait pas question de notre plante dans les ouvrages horticoles ou agricoles de cette époque. C’est inutilement que nous feuilletons à ce sujet les divers traités, où il est question des plantes potagères, publiés successivement par le célèbre La Quintinye, en 1692, 1695 et 1739. Mais nous trouvons dans un livre peu connu, intitulé L’École du Jardin potager, publié en 1749 par De Combles, un article très intéressant sur la Pomme de terre, qu’il appelle Truffe, car, ainsi que nous venons de le voir, elle n’était connue que sous ce nom ou sous celui de Patate. Voyons ce qu’en dit De Combles, à son Chapitre LXXIX :

« Description de la Truffe ; ses différentes espèces, ses propriétés, sa culture, etc.

» Voici une plante dont aucun auteur n’a parlé, et vraisemblablement c’est par mépris pour elle qu’on l’a exclue des plantes potagères ; car elle est trop anciennement connue et trop répandue, pour qu’elle ait pu échapper à leur connoissance ; cependant il y a de l’injustice à omettre un fruit qui sert de nourriture à une grande partie des hommes de toutes nations. Je ne veux pas l’élever plus qu’il ne mérite, car je connois tous ses défauts, dont je parlerai ; mais j’estime qu’il doit avoir place avec les autres, puisqu’il sert utilement, et qu’il a ses amateurs. Ce n’est pas seulement le bas peuple et les gens de campagne qui en vivent ; dans la plupart de nos provinces, ce sont les personnes même les plus aisées des villes ; et je puis avancer de plus, par la connoissance que j’en ai,