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162 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

nous parle pas de ce que la Pomme de terre était devenue à Montpellier. Et cependant, dans son Hortus regius monspeliensis ou Catalogue des plantes qui sont démontrées dans le Jardin royal de cette ville, publié par Magnol en 1697, elle figure comme étant cultivée dans ce Jardin, sous son nom botanique de Solanum tuberosum esculentum (Pinax) forte Papas Perüanorum (Clusius).

Mais fermons un instant le Mémoire de M. Clos, pour le rouvrir plus tard quand il s’agira de l’extension qu’a prise la culture de la Pomme de terre, à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe siècle, dans nos départements, et revenons à Paris, où des événements importants pour notre Histoire ne vont pas tarder à s’accomplir, et pour lesquels des documents intéressants ne manqueront pas. En effet, l’influence d’un homme, Parmentier, qui avait pour ainsi dire pris à cœur de propager sérieusement la culture et la consommation de la Pomme de terre, et celle de la Société royale d’Agriculture qui devait l’aider puissamment à réaliser ce désir humanitaire, allaient toutes les deux se faire bientôt sentir par des effets inattendus. Parmentier, assez maltraité comme prisonnier de guerre en Allemagne, n’y avait été guère nourri que de Pommes de terre. Loin d’en être affecté, il se passionna pour cette nourriture. Il avait remarqué aussi que beaucoup de soldats, dans cette contrée, séparés du gros de l’armée, auraient succombé à la fatigue et à une faim dévorante, s’ils n’avaient déterré et mangé de ces tubercules après leur cuisson dans l’eau. Il n’en fallut pas plus pour lui faire comprendre tout le parti que l’on pouvait tirer de cette Pomme de terre, si stupidement dédaignée et calomniée. À son retour en France, il ne cessa de parler en sa faveur. D’autres voix, du reste, se firent entendre avec la sienne, et nous avons vu que Duhamel du Monceau en avait déjà chaleureusement conseillé l’emploi.

« On pouvait espérer, dit Cuvier (Éloge de Parmentier) que bientôt le royaume jouirait pleinement de cette nouvelle branche de subsistances, lorsque quelques vieux médecins renouvelèrent contre elle les inculpations du XVIIe siècle. Il ne s’agissait plus de lèpre, mais de fièvres. Les disettes avaient produit dans le Midi quelques épidémies qu’on s’avisa d’attribuer au seul moyen qui existât de les prévenir. Le Contrôleur général se vit obligé de provoquer, en