Aller au contenu

Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
HISTOIRE DjE LA POMME DE TERRE

viande[1], qu’y pouvans attaindre, la mangent toute dans peu de temps ». On se plaint beaucoup moins, à notre époque, des ravages que peuvent faire les rats dans les celliers ou greniers où l’on conserve les Pommes de terre.

Mais, la présence de certains Insectes dans les cultures est certes plus à redouter. Les plus nuisibles sont ceux qui s’attaquent aux tubercules. Citons d’abord la Courtilière, qui appartient à la famille des Orthoptères et à laquelle Linné a donné le nom de Gryllus Gryllotalpa. Cet Insecte, long de près de cinq centimètres, est armé à chacune de ses deux pattes antérieures d’un court prolongement en dents de scie qui lui permet de fouiller le sol, d’y creuser des galeries et de couper ou même perforer les racines ou tubercules qu’il trouve sur son passage. L’huile que l’on verse dans ses galeries a pour effet de les lui faire abandonner et sortir au dehors, probablement par crainte d’asphyxie. Ce moyen facilite sa destruction, sans parler de quelques autres moins efficaces. Ce n’est pas que la Courtilière cherche un aliment dans les tubercules de Pommes de terre, car elle vit de larves et d’insectes. Mais, comme elle ne se détourne pas d’un obstacle qui lui barre le passage sous terre, si elle peut le détruire, elle perfore le tubercule pour se frayer le chemin et ne pas interrompre la continuation de sa galerie.

Un autre insecte dont les ravages sont plus à craindre est un Coléoptère bien connu sous le nom de Hanneton (Melolontha vulgaris Fab.) dont la larve, appelée d’ordinaire ver blanc, ou parfois man ou turc, vit souterrainement pendant trois ans avant d’arriver à son état parfait, et, dans cette période, se nourrit des racines ou tubercules hypogés qu’elle trouve à sa portée. Comme cette larve ne s’attaque pas qu’aux tubercules de la Pomme de terre, mais à beaucoup d’autres plantes horticoles ou agricoles, il est naturel qu’on lui fasse une guerre acharnée par tous les moyens possibles. Faisons remarquer seulement ici qu’il faudrait se garder d’employer certains de ces moyens d’attaque, comme le sulfure de carbone, pour la préservation des tubercules des Pommes de terre, car il se pourrait que ces tubercules mêmes en fussent affectés.

  1. — Le mot de viande, au XVIe siècle, était pris dans le sens d’aliment, de nourriture.