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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/288

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

En 1890 et 1891, deux savants américains annoncèrent avoir trouvé la cause de la Maladie. D’un côté, le Dr Thaxter l’attribuait à une sorte de Mucédinée très simple, formant des chapelets de spores conidiformes, sphériques ou ovoïdes, hyalines ou légèrement colorées, et non cloisonnées qu’il appela Oospora Scabies. D’un autre côté, le Dr Bolley déclarait que cette maladie provenait d’un Bacterium qu’il avait découvert dans les érosions profondes des pustules galeuses, et qu’il avait réussi à cultiver à part, après l’avoir isolé. Le Dr Thaxter, du reste, ajoutait à l’appui de ses observations que, par des expériences précises, il avait réussi à inoculer cette Maladie à des tubercules sains, sur l’épiderme desquels la Mucédinée avait gravé en creux l’initiale de son nom. Ajoutons que, récemment, le Dr Bolley s’est rallié à l’opinion du Dr Thaxter, et qu’il résulte d’obligeantes communications, que nous a faites ce dernier, que le Potato Scab ne nous paraît pas constituer la même maladie que notre Gale de la Pomme de terre.

Quoi qu’il en soit, en 1896, ayant eu à notre disposition des tubercules galeux de la variété Merveille d’Amérique, l’idée nous vint d’essayer, s’il était possible, d’observer la maladie à ses débuts. Nous résumerons ici les résultats des recherches et expériences que nous avons faites à ce sujet[1].

En cultivant dans un pot rempli de terreau, maintenu fort humide, un tubercule galeux de la variété Merveille d’Amérique et d’autres de la variété précoce Marjolin, nous avons obtenu, sur ces derniers, une première attaque, en diverses places, de la maladie. Il s’était produit, en effet, sur l’épiderme de ces tubercules de très petites pustules ponctiformes caractéristiques : autour de ces points d’attaque, les cellules épidermiques étaient brunies et mortifiées. L’examen microscopique nous a révélé alors dans ces cellules et dans celles du tissu sous-épidermique la présence seule d’un Microcoque qui les avait envahies et frappées de mort. Nous lui avons donné le nom de Micrococcus pellicidus, c’est-à-dire qui détruit la peau du tubercule. Nous avons fait plus tard des observations sur des cultures dans le sol, et nous sommes arrivé

  1. — Voir, pour plus de détails, ce que nous avons publié en 1896 : Comptes rendus de l’Académie des sciences, Bulletin de la Société nationale d’Agriculture de France et en 1896-97 dans le Bulletin de la Société mycologique de France.