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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/82

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68 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

Pour mieux nous expliquer le rapprochement que Gerarde avait établi entre les racines (ou tubercules) de sa Patate de Virginie et celle de la Patate commune, puisqu’il dit que la première était assez peu différente de la seconde, pour la forme, la couleur ou la saveur, nous nous sommes reporté à la description qu’il donne de la Patate ou Batata Hispanorum. Or voici ce que Gerarde dit de cette dernière : « Les racines sont peu nombreuses, grosses et noueuses, semblables à celles des Pivoines ou plutôt à celles de l’Asphodèle blanc. » Il ne parle que de la similitude de forme, mais ne nous apprend rien de leur couleur qui, d’après les auteurs de l’époque, était cependant décrite comme blanchâtre. Pour être mieux instruit sur ce point, nous avons consulté un auteur anglais qui a publié, une trentaine d’années après la 1re édition de l’Herball de Gerarde, un ouvrage assez curieux où se trouve une nouvelle description de la Pomme de terre, dont la culture s’était conservée en Angleterre. Il s’agit de John Parkinson qui, dans son livre intitulé : Paradisi in sola Paradisus terrestris, paru à Londres en 1629, au titre du Jardin potager, décrit en ces termes, d’après la traduction suivante, les Patates de Virginie.

« Papas seu Battatas Virginianorum, Virginia Potatoes. — Les Patates de Virginie qui sont sottement appelées par certaines personnes des Pommes de jeunesse[1] (Apples of youth), appartiennent à une autre espèce de plante que les Patates d’Espagne, dont elles diffèrent beaucoup, excepté dans la couleur et le goût de la racine, car elles ont des branches faibles et quelque peu flexibles, ayant besoin pour appui d’un petit tuteur, ou d’être soutenues à la base par un étai quelconque ; ces branches sont garnies de plusieurs feuilles ailées, d’une couleur d’un vert grisâtre foncé, dont quelques-unes sont plus grandes que les autres. Les fleurs se développent plusieurs ensemble sur un long support, inséré entre les feuilles et les grandes tiges, et chaque fleur est isolée sur un court pédicule. Cette fleur est quelque peu semblable à celle du Tabac pour la forme : elle est composée d’une seule feuille à six angles[2], sur les bords, mais un peu plus large et d’une couleur de pourpre


  1. — C’est la première fois qu’on voit paraitre ce terme de Pommes, qui devait plus tard, en France, servir à désigner le précieux tubercule sous le nom de Pomme de terre.
  2. — Ceci est une erreur singulière, car la corolle dont il s’agit n’en a que cinq.