Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très grande quantité d’herbe que les animaux foulent aux pieds. L’herbe une fois foulée, ils ne la mangent plus avec appétit, en sorte que la partie qu’ils consomment n’est rien en comparaison de celle qu’ils dissipent en pure perte.

La seconde méthode prévient, jusqu’à un certain point cet inconvénient, mais très imparfaitement ; ou les divisions qu’on donne aux animaux sont très grandes, ou elles sont très-resserrées. Dans le premier cas, on voit reparoître l’inconvénient de la première, la destruction inutile d’une grande quantité de fourrage ; dans le second, les animaux trop resserrés ne peuvent se livrer aux mouvemens qui concourent si puissamment au succès du régime auquel on les soumet ; l’herbe d’une enceinte trop petite, est d’ailleurs bientôt foulée ; les animaux s’en dégoûtent, et si le gardien n’a pas le soin de les faire passer continuellement d’une section dans l’autre, ils restent fort long-tems sans vouloir manger. Au reste, toutes ces méthodes ont l’inconvénient de laisser les animaux exposés aux intempéries de l’athmosphere ; ce qui, comme je l’ai dit plus haut, donne lieu à plus d’un accident.

Le verd donné à l’écurie soustrait les animaux à cet inconvénient ; mais il les prive de cette liberté si nécessaire. Il exige d’ailleurs un transport continuelle de fourrage verd de la prairie où il se coupe, dans l’écurie où il se consomme : Ce fourrage entassé dans les charrettes, déposé dans des grandes où il est toujours plus ou moins amoncelé est sujet à s’échauffer et à fermenter, ce qui le rend désagréable et même nuisible aux animaux.

Le hangard construit au centre ou à une extrémité de la prairie, suivant les convenances locales, semble tenir le milieu entre ces diverses méthodes ; il n’a les inconvéniens d’aucune, et il a les avantages de toutes. Il prévient les transports de fourrage : il les met, ainsi que les animaux, à l’abri de la pluie. L’espace libre ménagé autour du hangar, permet à ceux-ci l’exercice de leurs membres, cet exercice aiguillonne l’appétit, favorise la digestion, dissipe les engorgement et contribue peut-être plus que le verd lui-même à rendre aux animaux leur première vigueur.

Quelle que soit celle de ces méthodes que l’on préfère, le choix des plantes dont doit être composé ce verd, concourt puissamment au succès qu’on se promet.

CHAPITRE V.

Du choix des végétaux les plus propres à remplir l’objet qu’on se propose en donnant le verd.

Parmi les végétaux nombreux dont se nourrit chaque espèce d’animaux, je n’en connois aucun qui ne puisse leur être donné avec avantage avant qu’il ait atteint le dernier terme de sa végétation ; je n’en excepte ni les racines, ni même les arbres ; on ne peut donc donner, à cet égard, que les règles extrêmement générales, soumises à une foule de modifications relatives au climat, au sol, aux usages des pays