Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’air libre, le jour et la nuit, au froid, au vent, à la pluie, des animaux qui, presque toute leur vie, ont été tenus dans des écuries hermétiquement fermées, et dans lesquelles encore ils étoient souvent chargés d’une couverture de laine bien pesante. Il ne faut que les premiers élémens du sens commun, pour sentir qu’un pareil saut ne peut être que funeste aux animaux auxquels on le fait franchir ; on conçoit aisément, au reste, que, sous ce rapport et sous un grand nombre d’autres, l’époque à laquelle on donne le verd, doit beaucoup influer sur ses effets.

CHAPITRE III.

De l’époque la plus favorable pour mettre les animaux au verd.

L’époque la plus favorable pour mettre les animaux au verd, c’est, sans contredit, celle indiquée par la nature elle-même ; celle où les animaux qui n’ont pas perdu entièrement l’habitude de la nourriture verte, annoncent, par le dégoût que leur inspire la nourriture sèche, le besoin qu’ils ont de la première ; c’est aussi le moment où toutes les humeurs sont mises en mouvement, et, jusqu’à un certain point, disposées à la révolution que doivent opérer sur elles les alimens frais. Cette époque s’étend depuis le 1er. floréal jusqu’à la fin de prairial ; la saison du froid et des pluies est passée, celle des grandes chaleurs n’est pas arrivée, et les animaux n’éprouvent point encore le tourment de ces myriades d’insectes ailés qui les assaillissent à une époque plus reculée. La partie la moins avancée de cette période, offre déjà des végétaux élaborés par le soleil ; et la plus reculée présente un grand nombre d’espèces qui n’ont pas encore perdu toute leur eau de végétation, et conservent tous leurs sucs nourriciers.

Quoique cette saison soit la plus favorable pour le verd, on peut cependant le donner avec avantage dans toutes les autres, sans même en excepter l’hiver ; ce qui dépend presque entièrement de la méthode qu’on adopte pour l’administrer.

CHAPITRE IV.

Des diverses méthodes de donner le verd.

On fait prendre le verd dans la prairie même, ou bien on le donne à l’écurie.

Dans le premier cas, on laisse les animaux divaguer dans l’herbage, ou bien on le divise en portions plus ou moins resserrées, qu’on enclot avec des claies, des barrières, ou toute autre espèce de clôture, et qu’on abandonne successivement aux animaux ; ou bien enfin, on pratique dans une partie de l’herbage une sorte de hangard, sous lequel on place des râteliers qu’un homme est chargé de remplira mesure qu’ils se vuident. On laisse autour du hangard une enceinte assez considérable, pour que les animaux puissent s’y promener et y développer leurs mouvemens avec quelque étendue.

La première méthode a l’inconvénient d’entraîner la perte d’une