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§. IX. Historique de l’introduction des mérinos en France, etc. ; des établissement de Rambouillet, de Perpignan, d’Alfort et de Pompadour.
§. X. Du choix et de l’amélioration des races.
§. XI. Logement des bêtes à laine,
§. XII. De l’accouplement.
§. XIII. De l’allaitement et du sevrage.
§. XIV. De l’amputation des cornes ; de la castration.
§. XV. Des pâturages, et des alimens propres aux moutons.
§. XVI. De l’engrais des moutons.
§. XVII. De l’inoculation du claveau.
§. XVIII. Manière de numéroter les animaux d’un troupeau.
§. XIX. De la tonte.
§. XX. Manière dont se fait le triage des laines en Espagne.
§. XXI. Avantages qu’on peut retirer, en France, du lavage des laines, selon la méthode espagnole.
§. XXII. Description des lavoirs espagnols.
§. XXIII. Procédés du lavage.

§. I. Origine de la race des mérinos. La dénomination de mérinos vient, selon un auteur espagnol, de marinos, à cause que cette race a été tirée d’outremer. Cette opinion, qui n’est fondée sur aucuns documens historiques, ne nous paroît pas vraisemblable. On prétend que ces animaux ont été transportés des côtes d’Afrique en Espagne ; cependant nous, nous sommes assurés, par des renseignemens exacts, et par l’inspection de différens échantillons de laines que nous avons reçus d’Afrique, que toutes les races qui existent sur les côtes, au nord de ce continent, ont des laines bien inférieures à celles des mérinos.

On doit croire que cette race existe depuis long-temps en Espagne ; peut-être y a-t-elle été apportée de Syrie par les anciens Carthaginois, ou par les Arabes, à une époque moins reculée.

Les laines de Syrie, vantées par les anciens, sont encore estimées de nos jours. Il est probable que les Arabes, maîtres de cette contrée, auront transporté ces moutons en Espagne, ainsi qu’ils le firent pour les chevaux d’Arabie. Ces genres d’améliorations ne doivent point surprendre, lorqu’on considère l’état florissant de l’agriculture en Espagne, sous la domination des Mores. Les belles races dont parlent Strabon, et d’autres anciens, auront dégénéré sous le régime des Barbares qui envahirent et ravagèrent l’Espagne dans le sixième siècle.

Il est cependant à remarquer que Abu-el-Awam, auteur agronome qui a écrit au douzième siècle, ne parle point des mérinos ; il étoit More et habitoit Séville. Les formes qu’il recommande dans le choix des moutons, et les qualités de laine auxquelles il attache le plus de prix, indiquent qu’il ne connoissoit pas la race des mérinos, ou que du moins elle étoit peu recherchée de son temps. Il se peut au surplus qu’elle n’ait commencé à se propager que depuis le douzième siècle.

§. II. Des laines les plus estimées. Quelle que soit l’origine de la race précieuse des mérinos, nous devons la regarder comme celle qui donne les plus elles laines, si l’on en excepte quelques races de moutons que l’on trouve dans l’intérieur de l’Asie, en Perse, au Thibet et au Cachemire. Il existe pareillement des laines qui, par le triage, donnent des brins extrêmement fins, et qui sont propres à la fabrication des étoffes les plus déliées et les plus fines ; telles sont celles de Schetland en Écosse, avec lesquelles on fait des bas qui ont le brillant et la souplesse de la soie. M. Jacobi fabrique, à Aix-la-Chapelle, avec le triage de nos laines communes, des draps qui imitent parfaitement ceux de Vigogne.

Il est à remarquer que presque tous les animaux produisent deux espèces de laines ou de poils, les uns plus gros, plus roides, plus longs que les autres ;