Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/270

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souvent le risque d’être trompé en achetant chez des particuliers, qui vendent des métis pour des animaux de race pure, et des animaux de la première et seconde génération pour ceux de la quatrième. Une supercherie de ce genre nuit d’autant plus à l’amélioration d’un troupeau, qu’on ne peut s’apercevoir de la fraude que lorsqu’il est trop tard pour la réparer, ou qu’on ne peut le faire qu’après avoir perdu beaucoup d’argent et de temps. Quelques personnes même se persuadent, lorsqu’elles ont éprouvé cet accident, que les races espagnoles dégénèrent sur notre sol, et que c’est inutilement que l’on s’efforce de poursuivre ce genre d’amélioration. C’est pour cette raison qu’il sera prudent de ne se pourvoir chez les particuliers, que lorsqu’on connoîtra le troupeau où l’on veut acquérir, et la personne avec laquelle on traite.

Les soins doivent être les mêmes, soit que l’on veuille créer un troupeau de race pure, soit que l’on se borne à la possession d’un troupeau de métis. La dépense, il est vrai, sera bien plus considérable dans le premier cas, et l’on arrivera plus lentement à la formation complète d’un troupeau. Les propriétaires qui ont des fonds considérables à leur disposition agiront sagement, s’ils ne composent leur troupeau que de race pure. Ils seront amplement dédommagés de la mise première de fonds, par les bénéfices qu’ils retireront de la vente des laines, et de celle des animaux.

Il est, dans tous les cas, indispensable de bien choisir les individus qui doivent former la souche d’un troupeau. Il vaut mieux prendre ce qu’on trouve de plus beau, lors même qu’il est nécessaire de faire quelques sacrifices pour cette acquisition. Nous avons indiqué les qualités que doit avoir un mérinos ; nous exposerons plus bas les signes auxquels on reconnoît la beauté et la bonté des laines. Ces indications pourront guider dans le choix des animaux.

Un cultivateur doit considérer, avant d’acheter des moutons, quelle est la nature du sol et des pâturages qu’il leur destine. S’il exploite un terrain aride, où les productions sont foibles et peu succulentes, il donnera la préférence aux petites races qui, dans ce cas, lui coûteront moins à nourrir, et lui seront plus profitables que les races corpulentes et de taille élevée. Il évitera d’acheter des animaux qui aient été nourris habituellement sur de gras pâturages, ou avec des fourrages et des alimens substantiels, tels que le froment, l’avoine, etc. ; ils affoibliroient promptement, et diminueroient en taille et en grosseur, si on ne les tenoit pas toujours au même régime ; l’on préférera au contraire les fortes races, toutes les fois que la nature du sol que l’on exploite permettra de leur donner une nourriture forte et succulente.

Nous ne parlerons pas ici des autres précautions à prendre dans le choix des moutons ; on trouvera ce qu’il est nécessaire de connoître à cet égard dans le sixième volume de cet Ouvrage, à l’article Mouton. Nous ne devons traiter ici que ce qui regarde particulièrement les mérinos, ou les objets qui auroient été omis dans le corps de l’Ouvrage.

Une attention qu’on doit avoir lorsqu’on cherche à améliorer les races, ou à les maintenir au plus haut degré de perfection, c’est de choisir, pour la propagation, les individus qui possèdent au plus haut degré les qualités qu’on désire. Cette méthode, que l’on a suivie depuis long-temps pour le perfectionnement des races de chevaux, et par le moyen de laquelle les Anglais ont obtenu de nouvelles races de bœufs, de vaches et de moutons, doit être soigneusement observée par les personnes qui cherchent à donner un haut