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Une partie des élèves y est envoyée aux frais des départemens, l’autre y est entretenue aux frais des particuliers qui doivent payer une pension de trente-six francs par mois.

C’est ici le lieu de parler de trois établissemens nationaux qui existent en France, outre celui de Rambouillet. Le premier est situé à Perpignan ; il est composé d’environ sept cents bêtes, dont la majeure partie provient de l’extraction qui fut faite par Gilbert en l’an 6. Le gouvernement a senti la nécessité de placer à portée des cultivateurs la précieuse race des mérinos, afin que sa propagation pût s’effectuer plus promptement. C’est pour la même raison qu’on a formé un troupeau de mérinos à Pompadour, département de la Corrèze.

Le troisième établissement est celui d’Alfort, à deux lieues de Paris, où l’on élève trois cents et quelques moutons de différentes races, au nombre de huit ou neuf ; savoir : la race valaisanne, béarnaise, beauceronne, boulonnaise, anglaise, solognotte, roussillonne, et espagnole. Ce troupeau a été formé dans la vue de suivre l’effet du croisement des races, et d’obtenir les variétés de laines si nécessaires pour nos draps et nos étoffes.

On a institué à Alfort une école de bergers, où l’on élève les sujets envoyés par les départemens et par les propriétaires de troupeaux. Les propriétaires paient une pension alimentaire de vingt-deux francs par mois, plus, les frais de l’entretien.

Il se fait annuellement, dans les établissemens dont nous venons de parler, des ventes publiques auxquelles on se rend, même des départemens les plus éloignés ; et cet empressement indique que le goût pour cette branche importante d’économie rurale fait chaque jour de nouveaux progrès, et que le moment n’est pas éloigné où la France produira la quantité de laines nécessaire à la fabrication des draps fins.

On peut en effet évaluer à plus d’un million le nombre d’animaux de race pure, ou améliorée au dernier degré de finesse, qui existent dans ce moment sur divers points de la république.

L’importation de mérinos la plus considérable, et la seule qui se soit faite en France, depuis l’époque où l’on a formé le troupeau de Rambouillet, est celle qui a eu lieu en vertu du traité de Bâle. Le directoire s’étoit réservé la faculté de tirer d’Espagne cinq mille brebis, et cinq cents béliers. La majeure partie de ces animaux est entrée en France ; le reste y arrivera l’année prochaine. Ainsi la France a acquis un fonds de richesse qu’aucune circonstance ne sauroit lui ravir, et qui accroîtra de plus en plus notre industrie agricole, manufacturière et commerciale.

C’est en vain que le gouvernement espagnol regrette d’avoir laissé sortir quelques mérinos. Si les puissances étrangères avoient été mieux éclairées sur leurs intérêts, il y a long-temps qu’elles auroient ravi à l’Espagne, malgré ses prohibitions, la race précieuse qui va enrichir l’agriculture et les fabriques de l’Europe. Deux millions de moutons de races pures ou améliorées qui prospèrent hors de l’Espagne, doivent réveiller l’attention de son gouvernement. Heureux si cet événement peut le décider enfin à changer le système vicieux qui ruine de jour en jour son agriculture !…

§. X. Du choix et de l’amélioration des races. Les propriétaires qui veulent former des troupeaux de race pure, ou ceux qui se contentent d’améliorer les races indigènes par les croisemens, doivent se procurer des animaux, soit dans les établissemens publics, soit dans les bergeries des particuliers. Si le premier de ces moyens est le plus dispendieux, il sera aussi le plus sûr ; car l’on court