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lui faire donner la préférence sous le rapport du parcage, etc.

Nous exhortons les propriétaires de troupeaux mérinos à suivre les expériences que nous indiquons, ou celles qui tendent à constater les avantages que peut offrir l’éducation de cette race. Ce n’est pas en suivant les vieilles routines qu’on parviendra à connoître quels sont les animaux que l’on doit préférer dans l’exploitation d’un bien rural. On sait qu’il existe dans les diverses espèces d’animaux des variétés formées par la nature, ou par l’art, qui sont douées de qualités que l’homme peut approprier plus ou moins à ses besoins : ce n’est que par l’expérience, et par la comparaison, que nous pouvons connoître avec exactitude ces avantages ; ce n’est qu’après avoir obtenu des résultats exacts, que nous pourrons adopter ce qui nous convient le mieux. C’est à ce genre d’observations que les Anglais doivent le perfectionnement de leur agriculture. On sait, par exemple, en Angleterre, que de toutes les races de moutons que l’on élève dans ce pays, celle de Leicester, connue sous le nom de New Leicester breed, produit à la fois, sur un espace de terrain donné, la plus grande quantité de chair et de laine.

Les cultivateurs français n’ont pas jusqu’ici combiné ces deux genres d’amélioration. Comme il importe cependant beaucoup de tirer des animaux tout le parti possible, on ne doit négliger aucun des avantages qu’ils peuvent nous offrir. Ainsi l’on s’attachera de préférence aux races qui présentent des formes plus avantageuses, à celles qui parviennent à leur croissance dans le plus court espace de temps, à celles qui se maintiennent ou qui prennent l’engrais avec une moindre quantité d’alimens, etc. L’observation et le temps feront découvrir, dans la race des mérinos, des variétés qui réuniront au plus haut degré de perfection les qualités les plus recommandables.

Comme il est fort à désirer que l’attention des cultivateurs se porte vers l’amélioration des races, nous donnerons une idée des tentatives que les Anglais ont faites en ce genre, et des succès qu’ils ont obtenus. Leurs expériences ont été dirigées non seulement sur différentes espèces d’animaux, mais aussi sur la majeure partie des races qui se trouvent dans les divers comtés de l’Angleterre. Nous nous bornerons à parler ici de la race de bêtes à laine du comté de Leicester.

La race primitive ou indigène de ce comté donne une laine à peigner fort longue. Elle se distingue par sa grosseur et sa haute taille. On améliore cette race en la croisant avec des béliers qui avoient les os plus petits et la laine plus fine. On a obtenu une nouvelle race qui a la tête petite, les yeux remplis et proéminents, le cou long, le poitrail ouvert, le dos large, et formant une ligne droite avec le cou, les os très-petits, le corps épais, mais allongé, les fosses larges, les jarrets tournés en dehors. Cette formation artificielle présente quelque chose de monstrueux. On ne peut s’en former une idée juste qu’en voyant l’animal, ou sa représentation ; c’est pour cette raison que nous donnons, à la Planche IV, une gravure faite d’après celle qui a été insérée dans la description de l’agriculture du comté de Staford.

Cette race a été de nouveau améliorée par un surcroisement avec l’ancienne race du pays. On lui a donné ainsi le degré de perfection auquel il falloit arriver, pour en obtenir le plus grand nombre d’avantages possibles. Elle est aujourd’hui répandue en divers endroits de l’Angleterre.

La croissance totale des individus est effectuée, lorsqu’ils sont parvenus à l’âge de deux ans. Ils donnent alors sept à dix livres de laine, et pèsent quatre vingts à cent livres. C’est aussi à cet âge