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qu’on les envoie à la boucherie. Cette précocité offre de grands avantages pour le fermier, puisqu’il peut renouveler tous les deux ans son troupeau, et que ses bénéfices se réitèrent plus fréquemment. Un autre avantage, c’est que les brebis mettent bas avec beaucoup de facilité ; effet qui doit être attribué à la forme de la tête, du cou, et des épaules, dont les dimensions sont moins fortes chez les individus de cette race, que parmi les races d’une stature et d’une grosseur égale.

§. X. Logement des bêtes à laine. La manière de loger les bestiaux forme un objet important de l’économie rurale. Cependant, la négligence des propriétaires, et l’insouciance des fermiers, sont portées, sous ce rapport, à un excès dont il est difficile de se rendre raison. C’est une partie qui auroit besoin d’une réforme totale.

On a fait sentir, dans cet Ouvrage, la nécessité de tenir les bêtes à laine exposées au grand air. Cette méthode ne contribue pas moins à la finesse de leur laine, qu’à la conservation de leur santé. On peut sans doute tenir un troupeau constamment exposé au grand air ; l’expérience que nous avons acquise dans un grand nombre de bergeries, nous a prouvé cependant que la méthode la plus avantageuse, et la moins sujette à toute espèce d’inconvéniens, est de loger les moutons dans des bergeries bien aérées, vis-à-vis desquelles on forme des enceintes où les moutons peuvent aller selon qu’ils y sont portés par leur instinct. On voit en effet, dans les bâtimens ainsi disposés, que les animaux se tiennent tantôt dans les étables, tantôt en plein air. Si la chaleur, l’odeur ou l’air suffoqué des étables les incommodent, ils se portent dans la cour par le seul instinct qui leur apprend à éviter ce qui leur nuit. Si l’humidité, si le soleil, ou le grand froid leur occasionnent des sensations pénibles, aussitôt ils se retirent sous le couvert qui leur est préparé.

La cour destinée aux moutons doit avoir une pente tournée vers l’orient ou vers le midi ; on évitera ainsi l’humidité du sol toujours préjudiciable aux bêtes à laine. On pratiquera une rigole dans laquelle se rendront l’urine et l’eau des pluies. Ce mélange propre à donner de l’activité aux substances qui doivent servir d’engrais, sera reçu dans une fosse à fumier. En Espagne, où les moutons restent toujours en plein air, on a soin, dans le temps des pluies, de les rassembler, durant la nuit, sur un terrain un peu élevé et en pente ; lorsque les localités le permettent, on les abrite contre le vent, en les plaçant auprès d’un bois, d’un buisson, ou d’une muraille.

Pour aérer une bergerie, il ne suffit pas, ainsi qu’on le pratique ordinairement, même dans les constructions les moins défectueuses, d’ouvrir quelques fenêtres sur toutes les faces du bâtiment. L’air ne peut bien circuler, et entraîner avec lui les miasmes qui s’élèvent de la litière, ou du corps des animaux, que lorsqu’on ouvre plusieurs fenêtres sur chacune des faces de la bergerie, et qu’elles sont assez larges, et assez rapprochées, pour que la masse de l’air soit continuellement renouvelée dans toutes ses parties. Ce renouvellement ne pourroit même avoir lieu, si l’on ne pratiquoit de petites ouvertures au pied des murs, et au niveau du sol. Lorsque le vent est trop impétueux ou trop froid, que l’air est imprégné d’une trop grande humidité, il sera nécessaire de fermer les ouvertures inférieures, ou même les fenêtres placées vers la partie d’où vient le vent. On prendra cette précaution, sur-tout pour les animaux nouvellement tondus, ou pour les brebis qui viennent d’agneler. On emploîra les mêmes précautions, afin d’empêcher que les rayons