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de cette malpropreté, abandonnent leur domicile si on ne les en délivre pas. C’est pendant l’hiver que les araignées s’introduisent dans une ruche sans être apperçues des abeilles : les portes sont trop bien gardées en été pour qu’elles aient la témérité d’entrer chez elles dans cette saison : pleines de vigueur & de courage, elles n’ont pas besoin alors qu’on les en défende. Lorsqu’on nettoie les ruches, il est donc bien essentiel d’examiner l’intérieur pour ôter les araignées qui tendent ordinairement leurs filets dans les coins, & sans lesquels les abeilles se déferoient elles-mêmes de ces sortes d’ennemis, qui n’ont aucune arme à opposer à l’aiguillon.

Les fausses teignes détruisent les ouvrages des abeilles sans qu’elles s’apperçoivent de tout le mal que leur fait un ennemi qu’elles ne découvrent point, parce que sa marche est cachée, & qu’il est à couvert des traits d’aiguillons qui arrêteroient tous les ravages qu’il fait dans leur république. Ces fausses teignes naissent des œufs que de petits papillons de nuit, tels que ceux qu’on voit voltiger autour des lumières, vont déposer dans la ruche. Les abeilles, qui ne se doutent pas qu’un si petit insecte soit capable de causer tant de dégâts à leurs ouvrages, le laissent tranquillement faire sa ponte dans leur domicile : les œufs qu’il a pondus sont bientôt éclos par la chaleur de la ruche, qui est très-grande ; il en sort un très-petit ver qui perce un gâteau dans toute sa longueur, & marche toujours à couvert dans l’épaisseur des rayons sans être apperçu des abeilles : il perce toutes les cellules qu’il rencontre sur son passage, & il ne sort plus du gâteau où il s’est établi, qu’après sa métamorphose en papillon. Le miel dégoutte des cellules qui sont percées, de même que la gelée qui sert de nourriture aux vers, qui meurent faute d’alimens. On connoît qu’une ruche est attaquée par les fausses teignes, à des toiles, à des tuyaux de soie qu’on apperçoit sur les gâteaux, & à des fragmens de cire hachée très-menue qu’on trouve au bas de la ruche. Il faut couper toutes les portions des gâteaux où l’on s’apperçoit qu’elles se sont établies ; & si un nombre considérable en est attaqué, on ne peut point se dispenser de faire changer de domicile aux abeilles, autrement elles délogeront, elles abandonneront leurs ouvrages & se disperseront.

Les abeilles sont sujettes à une espèce de pou rougeâtre, qui est de la grosseur d’une tête d’épingle très-petite : ordinairement on n’en découvre qu’un sur chaque mouche ; les jeunes n’y sont point sujettes, il n’attaque que les vieilles. Pendant très-long-tems on a cru que cet insecte étoit fort nuisible aux abeilles, & qu’il devoit beaucoup les inquiéter ; cependant la tranquillité dont elles le laissent jouir sur les différentes parties de leur corps, d’où il leur seroit très-aisé de le déplacer avec leurs pattes, fait présumer qu’il ne leur cause pas autant de douleur ni d’inquiétude qu’on l’avoit imaginé. L’urine, l’eau-de-vie qu’on répandoit sur les abeilles avec un petit balai, pour les délivrer de cette vermine qu’on croyoit très-importune, leur nuisoit beau-