Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/230

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Quand les membranes qui contiennent les eaux paroissent au dehors, & ne percent pas, il est très-nécessaire de les percer avec le doigt pendant une douleur. Il faut éviter de donner à la femme en travail, des liqueurs spiritueuses ; cet usage est, sans contredit, un des plus pernicieux que l’ignorance ait accrédité : des maladies terribles, qui se terminent par la mort, en sont les suites funestes. Si la femme a des foiblesses, on peut lui donner un peu de vin avec de l’eau, ou un bouillon gras. Il est encore très-nécessaire de frotter très-légérement les parties avec de l’huile, plutôt qu’avec du beurre ; cette dernière substance étant plus disposée à s’aigrir, produiroit un effet contraire à celui qu’on attend. Quand on peut saisir la tête de l’enfant, il faut la tirer doucement & avec précaution. Quand l’enfant est sorti, il faut le placer entre les jambes de sa mère, de manière, cependant, que le sang qui coule ne puisse le suffoquer. Il faut faire sur le ventre de la femme, de petites frictions, afin de faire revenir la matrice sur elle-même, & de favoriser la sortie du placenta & des caillots ; enfin, il faut faire la ligature du cordon ombilical : il est sage d’en faire deux ; la première se fait, avec le fil, à quatre travers de doigt du nombril de l’enfant ; & la seconde, à deux pouces au-dessus, vers la partie qui regarde la mère. On coupe ensuite le cordon avec des ciseaux, entre ces deux ligatures ; on porte l’enfant sur un oreiller, & on le couche sur le côté, pour faciliter la sortie des glaires qui tapissent sa bouche & son gosier.

Il reste encore la délivrance : elle consiste à retirer du sein de la mère le placenta & les membranes. Quelquefois l’accouchée termine elle-même cette opération ; le tems le plus propre pour la délivrance est celui des douleurs.

Il survient quelquefois, avant la délivrance, qu’il ne faut jamais faire immédiatement après l’accouchement ; il survient, disons-nous, une perte de sang : or, dans un tel événement, il faut faire en sorte que la matrice se resserre ; & pour produire cet effet nécessaire, on applique la main avec force sur le ventre, on pince même jusqu’à faire naître la douleur : si ces moyens ne réussissent pas, on introduit par degré la main, dans la matrice ; elle se resserre, la perte cesse, & l’on procède à la délivrance. Si, après la délivrance, la perte reparoissoit, on fait usage des mêmes moyens ; & si ces moyens ne réussissent pas dans ce second état comme dans le premier, il faut alors appliquer sur le ventre des compresses trempées dans l’eau froide & dans le vinaigre : si la perte ne cède pas, on injecte avec une seringue, dans la matrice, ce même mélange d’eau froide & de vinaigre ; enfin, si la perte résiste à tous ces moyens, il faut, dans la dernière extrémité, introduire de la glace dans la matrice. Le raisonnement, & surtout l’expérience, ont prouvé aux plus grands praticiens dans cette partie, à la tête desquels nous plaçons les noms respectables de MM. Petit & Levret, que cette méthode étoit la plus salutaire.