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une grande partie est consacrée à la culture du chanvre. Sa qualité en est supérieure, & favorise singuliérement le commerce des toiles de cette province. Tel est l’effet des différens abris & des dépôts multipliés de ce second bassin. Il en est un important à connoître & à suivre dans sa marche, puisqu’il parcourt presque tout ce bassin : c’est le dépôt de craie. Il commence au-dessus de Dijon, suit tout le cours de la Seine jusqu’au Havre, remonte de Dijon dans la Champagne, traverse la Picardie pour aller correspondre au même dépôt en Angleterre ; ce qui prouve assez clairement que l’Angleterre a été jadis unie à la France. Les couches y sont les mêmes, & les unes & les autres conservent entr’elles le même ordre & la même disposition.

3o. Du Bassin de la Loire, & des Rivières qu’elle reçoit. C’est le plus grand & le plus considérable de tous ceux de la France. La chaîne très-haute des montagnes commence entre Mende & Viviers, dans la partie orientale & méridionale du Languedoc. C’est là qu’elle se divise en deux parties ; l’une monte au nord & l’autre gagne l’ouest. Celle du nord passe par le Puy-en-Velay, Saint-Etienne-en-Forez, Roanne, Charolle, Autun : de cette dernière ville, elle s’abaisse vers Nevers, continue toujours, en s’abaissant, à Cosne, Orléans, Alençon, Domfront ; revient au midi, passe par Laval, Château-Gontier, Nantes, & enfin à la mer. Là, il faut traverser la Loire ; & de l’autre côté recommence une chaîne de côteaux renforcés qui couvrent Mauleon, Poitiers, & vont toujours en s’élevant pour former les hautes chaînes de montagnes du Limosin, de Clermont-en-Auvergne, de Brioude, & se prolongent jusqu’à Viviers.

Ce bassin a, comme le précédent, deux parties bien caractérisées, & on peut également le diviser en haut & bas. Le haut comprend les montagnes du Limosin, de l’Auvergne, du Forez, du Bourbonnois & du Vivarais. Cette chaîne de montagnes offre les mêmes productions que celles des montagnes du Dauphiné, de la Franche-Comté, &c. des engrais pour les bestiaux ; des pâturages & des parcours pour les haras ; des fromages de toutes les espèces ; des châtaignes délicieuses. Il faut une certaine intensité de froid, & une certaine élévation au-dessus du niveau de la mer, pour que ce fruit soit savoureux ; il n’a point ou presque point de goût dans la plaine. Le sarrasin, le seigle, les pommes de terre, quelque peu de chanvre, sont les productions de ces pays montueux. Quoiqu’il y ait des abris, & de très-grands abris, leur élévation trop forte ne permet pas à la chaleur d’y mûrir le raisin ; &, à l’exception de quelques cantons privilégiés & très-bas au milieu de ces montagnes, on ne voit aucune vigne. La nature les dédommage par l’abondance des fruits à pépins, & ils y sont délicieux.

La partie inférieure de ce bassin, abritée par des côteaux multipliés, offre toutes sortes de productions & très-bonnes en leur genre ; les vins blancs de Poilly, de la Charité-sur-Loire ; les rouges d’Orléans, de Blois, &c. les fruits de Tours, d’An-