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l’os du bras, & près de quarante fois moindre que l’aile totale avec ses plumes. Dans l’homme, le muscle deltoïde sert à élever le bras : dans l’oiseau, ce muscle manque ; mais à sa place, est un muscle oblong, rond, dont le tissu est très-serré, attaché, d’une part, à la tête de l’humérus, du côté opposé au grand pectoral, passant à travers le trou formé au point de réunion des deux os de l’omoplate ; il revient s’attacher dans l’angle de la poitrine, formé par la partie saillante du sternum : le trou que ce tendon traverse, est comme une poulie, autour de laquelle il se meut ; de façon qu’en se contractant il tire à lui l’humérus qu’il élève par conséquent vers le dos & la tête, tandis que le pectoral, son antagoniste, l’abaisse & le ramène vers le sternum. Cette position singulière & particulière du muscle éleveur du bras, annonce l’admirable prévoyance de la nature ; elle ne pouvoit l’attacher à l’os supérieur de l’omoplate, trop petit & trop foible pour résister à son effort ; de plus, par cette position, il détermine à la poitrine le centre de gravité de l’oiseau, de façon que les ailes se trouvent placées non-seulement à l’endroit le plus commode du corps, mais encore à l’endroit le seul propre à comporter un centre de gravité fixe & invariable.

Les deux muscles, dont nous venons de donner la description, ne sont pas les seuls employés au mouvement des ailes ; le cubitus & le carpe en sont pourvus de plusieurs petits qui opèrent le développement de l’aile & son resserrement ; enfin, le tout est enveloppé d’une peau forte & membraneuse, dans laquelle sont implantées les plumes.

L’art le plus merveilleux, & la sagesse la mieux raisonnée, ont concouru à la construction de chaque plume, & à leur disposition entre elles. Nous ne pouvons en donner une meilleure description, qu’en employant celle de M. Formey, secrétaire de l’académie royale de Berlin.

« Un art incomparable brille dans la construction de chaque plume : le tuyau en est extrêmement roide & creux par le bas, ce qui le rend en même tems fort & léger ; vers le haut, il n’est pas moins dur, & il est rempli d’une espèce de parenchyme, ou de moelle, ce qui contribue aussi beaucoup à sa force & à sa légéreté : la barbe des plumes est rangée réguliérement des deux côtés, large d’un côté & étroite de l’autre. On ne sauroit assez admirer l’exactitude du sage auteur de la nature, dans le soin qu’il a pris d’une partie aussi peu considérable que le paroît cette barbe des plumes qui sont aux ailes : on y peut observer entre autres ces deux choses ; 1o. que les bords des filets extérieurs & étroits de la barbe, se courbent en bas, au lieu que ceux des intérieurs & plus larges se courbent en haut : par ce moyen, les filets tiennent fortement ensemble ; ils sont clos & serrés, lorsque l’aile est étendue, de sorte qu’aucune plume ne perd rien de la force ou de l’impression qu’elle fait sur l’air : 2o. on peut remarquer une adresse & une exactitude qui ne sont pas moins grandes, dans la manière dont les plumes sont cou-