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laisserent échapper neuf cents soixante-huit pouces cubiques d’air en treize jours, c’est-à-dire, environ quarante-huit fois leur volume ; l’eau n’en dégage pas tout l’air. Si, après avoir laissé sécher ces pommes écrasées, on les soumet à la distillation, les balons s’en remplissent d’une très-grande quantité que le feu développe. Enfin le tartre, ce sel concret, huileux & végétal qui existe dans toutes substances végétales susceptibles de la fermentation vineuse, même avant l’acte de la fermentation, contient environ un tiers de son poids total d’air. Quelle immense quantité ! Comment peut-il se faire que tout cet air qui occupe un tel espace, après son dégagement, soit contenu tout entier dans le petit corps qui l’a fourni ? Ce mystère n’en est plus un, depuis la découverte de l’air fixe ou gaz méphitique ; mais nous renvoyons à cet article pour l’expliquer.

Les parties muqueuses des plantes ne sont pas les seules qui contiennent de l’air en si grande quantité ; les parties solides, comme le corps ligneux & les graines, en fournissent presqu’autant. Un demi-pouce cubique, ou cent trente-cinq grains de cœur de chêne fraîchement coupé d’un arbre vigoureux & croissant, peut produire cent vingt-huit pouces cubiques d’air, c’est-à-dire, une quantité égale à deux cents cinquante-six fois le volume du morceau de chêne : son poids, qui est de plus de trente grains, est, comme l’on voit, à peu près le quart du poids des cent trente-cinq grains du chêne. M. Hales a poussé encore plus loin la précision du calcul. Voulant s’assurer de la juste proportion de l’air avec les parties solides du bois, il prit une pareille quantité de petits copeaux déliés du même morceau de chêne, qu’il fit sécher doucement, à quelque distance du feu, pendant vingt-quatre heures ; elle perdit en séchant quarante-quatre grains d’humidité : il en reste donc quatre-vingt-onze pour les parties solides de chêne ; & alors, les trente grains d’air sont un tiers du poids des parties solides du chêne. Trois cents quatre-vingt-huit grains de bled de turquie fournissent environ deux cents soixante-dix pouces d’air, ou soixante-dix-sept grains, c’est-à-dire un quart du poids total du bled. Un pouce cubique ou trois cents quatre-vingt-dix-huit grains de pois, donnent environ trois cents trente-six pouces cubiques d’air, ou cent treize grains, c’est-à-dire quelque chose de plus du tiers de la pesanteur des pois. Les matières même qui doivent leur principe au règne végétal, mais auxquelles l’industrie animale donne la forme, ou pour mieux dire, une nouvelle existence, le miel & la cire, contiennent une assez grande quantité d’air. Un pouce cubique ou trois cents cinquante-neuf grains de miel, peuvent donner jusqu’à cent quarante-quatre pouces cubiques d’air, ou quarante-un grains, c’est-à-dire un peu plus du neuvième du poids total ; & un pouce cubique, ou deux cents quarante-trois grains de cire jaune, en peuvent produire cinquante-quatre pouces cubiques ou quinze grains, la seizième partie du poids total.

Il est encore un moyen plus simple d’obtenir l’air contenu dans les plantes, sur-tout dans les feuilles,