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quel rapport ; ce qui donne nécessairement des règles pour la culture. En un mot, toutes les observations météorologiques nous enseignent des règles de fait, qui multipliées, calculées, comparées ensemble, donneront des règles de prévoyance, pour prévenir une partie des accidens, comme nous allons le voir.

Jusqu’à présent ces règles de prévoyance pourront être regardées comme de simples probabilités, nées des observations faites depuis environ un siècle : mais qu’un siècle est peu de chose par rapport au tems ! Ces probabilités deviendront des vérités, quand un plus grand nombre d’observations les confirmera.

Rien n’est plus intéressant pour le cultivateur que de connoître, de pouvoir découvrir s’il est possible, les changemens de tems, & les périodes des saisons. Quel avantage précieux pour l’agriculture que cet art de conjecturer, ne dût-il indiquer que des à peu près ! Mais pour remplir ce vœu commun des physiciens & des laboureurs, il faut connoître la cause générale des mouvemens de l’atmosphère, des météores qui règnent dans son sein ; il faut du moins que des faits constans fassent soupçonner l’existence de la cause. L’influence de la lune est une opinion populaire peut-être aussi vieille que le monde. Des savans qui trop souvent rejettent des principes uniquement parce que le peuple les adopte comme des vérités, avoient relégué cette influence avec les erreurs du vulgaire : l’abbé Toaldo l’adopte & la démontre par des faits.

La Lune agissant sur notre atmosphère, à peu près comme sur la mer, y produit un mouvement continuel de flux & de reflux ; ce mouvement se trouve combiné avec toutes ses phases, & il devient le principe de toutes les modifications de l’atmosphère, & par conséquent de l’influence de la lune, disons plus juste, des météores sur l’économie végétale & animale. La preuve démonstrative que la lune agit sur l’atmosphère, c’est qu’elle agit sur le baromètre par son approximation ou son éloignement.

Par l’examen d’un journal de 48 années, il est constant que les hauteurs moyennes du baromètre sont plus grandes lorsque la lune est apogée, c’est-à-dire, lorsqu’elle est dans son plus grand éloignement de la terre, que lorsqu’elle est périgée ou dans le point opposé. Cela seul suffiroit pour faire entendre que cet astre influe sur les changemens de tems : mais s’il étoit possible, il faudroit déterminer d’une manière plus précise, les situations où la lune déploie plus sensiblement sa force sur l’atmosphère, afin que l’on pût tirer des conjectures sur les jours autour desquels le tems doit probablement changer.

Dans chaque lunaison, il y a dix situations importantes à observer : les quatre phases de la lune, ou la nouvelle lune ; la pleine lune ; le premier quartier, & le dernier quartier ; son périgée, son apogée ; ses deux passages par l’équateur, que l’on peut nommer équinoxe ascendant & descendant ; enfin les deux lunistices, ainsi nommés par M. de la Lande, dont l’un boréal, lorsque la lune s’approche de notre zénith autant qu’elle peut, & l’autre