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marqué sur l’atmosphère, par les orages fréquens qui ont lieu dans ces circonstances. Voici les rapports de leur force changeante :

Nouvelles Lunes avec le Périgée 168 : 5 = 33 : 1

Nouvelles Lunes avec l’Apogée 140 : 21 = : 7 : 1.

Pleines Lunes avec le Périgée 156 : 15 = 10 : 1.

Pleines Lunes avec l’Apogée 144 : 18 = 8 : 1.

Une observation de M. Poitevin, de l’académie de Montpellier, confirme celles de M. Toaldo. Il a remarqué que les pluies & les inondations extraordinaires qui ravagèrent les provinces méridionales de France, les 14, 15, 16 Novembre 1766, eurent lieu dans le concours de trois points lunaires, le périgée, l’opposition au soleil ou la pleine lune, & la plus grande déclinaison boréale, ou le lunistice septentrional.

Voilà un grand pas de fait, par rapport aux changemens de tems. Le retour des saisons & les constitutions des années sont des points non moins essentiels. De quel intérêt n’est-il pas de pouvoir prévoir à peu-près si l’année sera bonne ou mauvaise ? La lune étant considérée comme la cause des mouvemens de l’atmosphère, ses révolutions périodiques doivent ramener des révolutions périodiques dans le cours des années. Si cette période est à peu près égale à celle de l’apogée lunaire, elle sera de 8 à 9 ans ; & vers le milieu de cette période, c’est-à-dire, de 4 à 5 ans, il doit y avoir un retour, ce qui doit amener le plus souvent des années extraordinaires.

Les anciens avoient une idée de cette révolution ; Pline lui attribuoit le retour des marées à des hauteurs égales, après la centième lune : selon lui encore, les saisons subissent tous les quatre ans une espèce d’effervescence ; mais elles en souffrent une plus marquée au bout de 8 ans, par la révolution de la même centième lune. Dans le systême de M. Toaldo, il faut attribuer à la révolution des apsides lunaires ou de l’apogée, ce que Pline donnoit au retour de la centième lune. Les observations météorologiques confirment évidemment le principe de la période de 8 à 9 ans ; car de cinq suites de 9 ans, une seule se refuse à la règle. En comparant les mesures de la pluie, données par l’académie des sciences de Paris, depuis 1699 jusqu’en 1752, on a six suites de 9 ans, dont trois plus grandes, trois plus petites, mais presque égales entre elles des deux côtés. Il est donc probable que si une période a été remarquable par une année extraordinaire, soit par les pluies, soit par les orages, la période suivante ramènera les mêmes phénomènes. Des diverses combinaisons périodiques des points lunaires, il pourra résulter 1o. qu’une année semblable à l’une des précédentes, sera la quatrième ; 2o. qu’après une année extraordinaire, la quatrième le sera probablement aussi ; 3o. après une année extraordinaire, la troisième peut encore l’être, parce que les apsides passent, dans deux ans, des points équinoxiaux aux points solsticiaux, & vice versâ ; 4o. deux années de suite peuvent avoir la même constitution dangereuse, comme on l’observe, à cause du pouvoir égal des deux signes