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autres animaux qui vivent sous terre.

VII. Des arbres qu’on peut greffer sur l’amandier. Les pépiniéristes sèment beaucoup d’amandes amères pour former des sujets ; deux motifs les y déterminent : le premier est la crainte des mulots ; & le second, parce que les écussons sur amandier amer poussent plus vigoureusement, donnent de belles tiges ; & à cause de sa bonne mine, l’arbre se vend bien ; voilà leur but. Celui de l’acquéreur est plus étendu ; il veut que le bel arbre qu’il a payé chèrement, lui donne du fruit bon & beau, & son espérance est trompée. Un tel arbre s’épuise en bois, donne de petits fruits, en petite quantité, & presque toujours un peu amer. Il reconnoît l’erreur ; il faut arracher l’arbre, & on a perdu plusieurs années. Ceux qui sont accoutumés à voir souvent de jeunes amandiers, ne seront pas si facilement trompés, s’ils examinent le pied de l’arbre au dessous de la greffe. L’amandier amer a l’écorce plus brune & plus lisse que l’amandier à fruit doux. Les racines du premier sont encore plus vigoureuses que celles du second.

L’écusson de toutes les pêches lisses réussira sur l’amandier à fruit doux. Quelques auteurs préfèrent l’amandier, lorsque le pêcher qu’on y aura greffé doit être planté dans une terre légère ; & M. Roger de Schabol, à qui l’art de la culture des arbres doit sa perfection, aime mieux employer l’amandier pour toutes les terres fortes ou légères, & le préfère au prunier. M. le baron de Tschoudi assure d’après son expérience, & on peut l’en croire lorsqu’il le dit, que dans les provinces septentrionales de France, comme l’Alsace, où il habitoit alors, les amandiers greffés sur pruniers lui réussissent mieux que franc sur franc. Par ce moyen, il parvient à les élever en espalier.

L’abricot de Nanci reprend très-bien sur l’amandier.


CHAPITRE IV.

Existe-t-il des moyens capables de retarder la fleuraison de l’Amandier ?

Il est démontré par l’expérience, que si l’on greffe des pêchers, des pruniers sur l’amandier, ces greffes végéteront en même tems que l’espèce d’arbre sur lequel elles auront été enlevées, mais non pas aussi promptement que l’amandier ; de sorte que la séve de cet arbre sera en vain en mouvement relativement à la greffe. Si, au contraire, on greffe un amandier sur un pêcher ou sur un prunier, la greffe du nouvel amandier végétera dans le même tems, & aussi promptement que les amandiers ordinaires. Ces phénomènes ne doivent pas surprendre, si l’on considère que chaque espèce d’arbre exige pour sa végétation un certain degré de chaleur déterminé. Celui qui donne le mouvement à la séve dans l’amandier, n’est pas suffisant pour la déterminer dans le prunier, dans le pêcher, & encore moins dans le châtaigner, le noyer, le mûrier, &c. La chaleur intérieure de la terre ne suffit pas ; il faut encore que la température de l’air ambiant soit au point requis pour la végétation de tel ou tel arbre. La greffe de