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nues à la perfection que par un excès de soins assidus, & pour peu qu’on les leur refuse, ces mêmes plantes si succulentes, si savoureuses, dégénèrent & reviennent enfin à leur qualité primitive & sauvage. Il est donc essentiel de maintenir la terre meuble, si on veut qu’elles prospèrent. Souvent ce n’est pas assez : le changement de climat en fait beaucoup dégénérer, & il faut renouveler la semence tous les deux ou trois ans.

Lorsqu’une terre destinée pour les grains, & où l’argile domine, a resté long-tems sans être travaillée, il convient de l’ameublir, non-seulement pour que les racines du grain puissent pivoter, mais encore afin que cette terre ne retienne l’eau pluviale que dans la proportion convenable. Amender & ameublir sont des mots synonymes pour les terres fortes ; mais il n’en est pas ainsi des terres sablonneuses, parce qu’elles sont déjà assez ameublies par elles-mêmes, & même elles le sont trop. L’amendement qui leur convient est un mélange de terre forte ; & de ce mélange il en résultera un ameublissement proportionné & suffisant pour le grain qu’on doit semer. Trop ameublir la terre par des labours, si on n’y joint des engrais, est aussi pernicieux à la terre que de la surcharger d’engrais sans la bien labourer. On ne peut pas, & même il est impossible de prescrire jusqu’à quel point une terre doit être ameublie, parce qu’il est impossible de spécifier toutes les nuances & toutes les combinaisons qui forment la surface du globe. C’est au particulier à étudier son champ, à examiner quelle partie de ce même champ demande plus de labours que telle autre partie voisine, quoique dans le même champ ; mais il ne se trompera pas, lorsqu’il considérera les effets des années sèches ou pluvieuses sur son champ ; de sorte que, s’il peut saisir le point de partage entre l’une & l’autre, & que par son travail il ait fait acquérir à sa terre le degré précis de ne retenir que la quantité d’eau suffisante pour la végétation, il est constant qu’il aura atteint le point de perfection, & que ses récoltes seront assurées.


AMIDON. C’est une substance remarquable par sa sécheresse, sa blancheur, sa ténuité, son toucher froid, & un cri qui lui est particulier ; elle est indissoluble à froid dans tous les fluides, & se conserve un tems infini sans s’altérer, pourvu néanmoins qu’elle soit pure, & qu’on la tienne dans un endroit à l’abri de toute humidité.

L’ignorance dans laquelle on a été pendant long-tems sur la nature & la propriété de l’amidon, a donné lieu à beaucoup d’opinions à ce sujet. Grâce aux expériences modernes, il n’est plus permis de douter aujourd’hui que ce ne soit une gomme particulière, une gelée sèche, si l’on peut s’exprimer ainsi, répandue dans toutes les parties de la fructification des plantes, sans cesse indépendante de leur saveur, de leur odeur & de leur couleur. L’amidon de marrons d’inde n’a aucune amertume ; celui de pied de veau n’est pas caustique ; l’amidon de la bryoine n’est pas purgatif ; celui des iris est inodore ; enfin, l’amidon de la filipendule est sans