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provisions sont alors très-abondantes dans l’habitation, & qu’elles sont elles-mêmes très-remplies de miel.


Section VII.

Durée de la vie des Abeilles.


Virgile & Pline assurent que les abeilles vivent sept ans, d’autres ont étendu le terme de leur vie jusqu’à dix ans. Si elles arrivent au bout de leur carrière, ainsi que les autres insectes, lorsqu’elles ont rempli les fonctions auxquelles les avoit destinées la nature, la durée de leur vie ne peut être que d’un an environ, parce que ce terme leur suffit pour élever leur postérité. Quoiqu’on ne puisse rien établir de certain à ce sujet, & que ce ne soit là qu’une conjecture qui n’est point sans quelque vraisemblance, il paroît cependant par les expériences de M. de Réaumur, qu’une année est à-peu-près la durée de leur vie. De cinq cents abeilles qu’il avoit eu la patience de marquer en rouge, avec un vernis dessicatif, dans le mois d’avril, & qu’il avoit reconnues les mois suivans lorsqu’elles alloient sur les fleurs, il n’en trouva pas une en vie dans le mois de novembre : la reine vit plus longtems, parce qu’elle est capable de mieux résister aux premiers froids qui font mourir les ouvrières. Il est probable que les faux-bourdons vivroient plus longtems, si les abeilles ne les massacroient pas, ou ne les forçoient point à mourir de misère, en les obligeant de quitter leur habitation.


CHAPITRE VII.

Du Gouvernement des Abeilles.


Section première.

Quelle est la forme du Gouvernement d’une République d’Abeilles.


Une république d’abeilles n’a jamais qu’une reine pour chef, qui ne se livre à aucune espèce de travail, non-plus que les faux-bourdons qui sont ses maris, & qui tiennent les premiers rangs dans l’état. Les ouvrières qui composent la plus grande partie de la population, paroissent exécuter les ordres de leur chef dans tous les travaux & les ouvrages de leur industrie, tandis qu’elles suivent l’instinct naturel qui les guide & les porte à travailler pour la conservation de leur république. Tout ce que nous ont appris du gouvernement des abeilles les observateurs qui ont traité de leur histoire naturelle, est si merveilleux, si admirable, & si fort au-dessus des connoissances qu’on a en général sur les insectes, même sur ceux qui vivent en société, qu’on n’est point tenté de partager leur enthousiasme : on croit au contraire que cette vive admiration pour des insectes qu’on se plaît à observer, est plus l’effet d’une imagination prévenue en leur faveur, que celui des faits qu’on a remarqués.

Le savant auteur de l’Histoire naturelle, qui n’a point observé les abeilles, comme les Swammerdam, les Maraldi, les Réaumur, les Bonnet, &c. a eu sans doute raison,