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plexie sanguine, en ce qu’elles font tomber le malade dans l’accablement, & ôtent à la nature les forces nécessaires pour terrasser l’ennemi.

Les émétiques procurent souvent des effets funestes, parce que les violens efforts qu’ils excitent dans l’estomac, déterminent le sang à se porter avec impétuosité vers la tête, où il est déjà en très-grande quantité.

Les purgatifs agissent de même dans les secondes voies, & procurent une élévation considérable vers la tête, en comprimant les vaisseaux du bas-ventre.

Les liqueurs spiritueuses, & l’alcali volatil sur-tout, nuisent, on ne peut pas plus, dans l’apoplexie sanguine ; la plus grande tension existe dans les vaisseaux du cerveau, il ne fait que l’augmenter, & il donne naissance à la rupture des vaisseaux & aux épanchemens, qui tuent le malade en très-peu d’instans.

Tels sont les inconvéniens, ou plutôt les malheurs qui suivent l’usage aveugle de ces différens moyens : éclairons maintenant la marche qu’il faut suivre dans leur sage administration.

Dès l’instant qu’un sujet est attaqué d’apoplexie, il faut promptement le deshabiller, l’exposer à l’air frais ; car la chaleur, dont le propre est d’augmenter le volume des fluides, nuiroit considérablement : il faut le priver entiérement de nourriture, même du bouillon gras. Il se nourrira de sa propre substance ; on lui fera avaler seulement quelques infusions légères de fleurs de sthœcas, de bouillon de poulet, d’eau d’orge légère, mais à petite dose, pour empêcher la corruption des humeurs. On placera le malade sur un lit sans plumes ; on le mettra à son séant, il seroit encore mieux sur un grand fauteuil, la tête droite ; par ce moyen les veines, dont l’office est de rapporter le sang des parties, seront libres, & le dégorgement se fera mieux. Il ne faut jamais coucher le malade à plat ; on éprouve même dans la meilleure santé, que la tête, dans cette position, est lourde, & que les yeux deviennent rouges, parce que le sang est gêné dans son retour : or, dans l’apoplexie, cette observation est d’un intérêt bien plus pressant.

Il faut exciter le malade par toutes sortes d’endroits, sur-tout par ceux qu’on lui connoît plus sensibles ; il faut avoir le plus grand soin d’éloigner tous ceux qui ne sont pas utiles dans les secours nécessaires au malade. Il est de fait que ceux qui ne servent pas nuisent beaucoup, soit par leurs cris continuels, leurs plaintes importunes, soit enfin par la chaleur qu’ils communiquent à l’air que respire le malade. Dans l’apoplexie sanguine, qu’on reconnoîtra aisément aux signes que nous avons détaillés plus haut, on plongera les pieds du malade dans l’eau tiède ; on appliquera des sangsues en différentes parties du corps : à leur défaut, on saignera au bras, au pied, à la gorge, suivant que la situation sera plus pressante ; mais on aura le soin de laisser couler le sang lentement pour éviter l’affaissement, le plus sinistre de tous les symptômes.

Si l’estomac du malade est plein ; on ne le saignera pas ; on lui don-